C’est un autre coup dur à encaisser pour Benoît Hamon, après sa déculottée (6,2%) à la présidentielle : le PS a enterré plusieurs propositions phares de son programme en vue des législatives . Exit donc le revenu universel, la taxation des robots, la sortie du diesel et du nucléaire. "Et le 49.3 citoyen", ajoute le député des Yvelines à l’énumération de ces abandons, mercredi 10 mai sur France Inter. Amer mais lucide, le cinquième homme de cette présidentielle n’est pas si surpris que ça de l’attitude des dirigeants de son parti qui, pour certains d’entre eux, "n’ont ni fait [sa] campagne, ni sans doute voté pour [lui]". Il déclare :
"[L’abandon de] l’essentiel des marqueurs de ma campagne électorale de la part, pour certains d’entre eux, de dirigeants politiques qui n’ont ni fait ma campagne, ni sans doute voté pour moi – qu’est-ce que j’en pense ? Un parti, tout aussi grand soit-il, toute aussi grande soit son histoire, ne peut pas enterrer de si belles idées. [...] Je trouve curieux que le PS abandonne la seule idée nouvelle [le revenu universel, ndlr] qui a été évoquée pendant cette campagne. C’est la raison pour laquelle je continuerai évidemment à me battre pour ces idées et à soutenir évidemment les candidats qui soutiendraient ces idées.
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Comment ? Benoît Hamon a justement annoncé la création, le 1er juillet, d’"un mouvement large [et transpartisan] qui s'adressera aux hommes et femmes de gauche". Notons qu'il sous-entend donc que Jean-Christophe Cambadélis n'a pas voté pour lui. Et d'ailleurs même le Président a voté pour Emmanuel Macron.
L’ancien ministre de l’Éducation nationale estime par ailleurs que ce ne sont pas ses idées qui ont été enterrées, mais que c'est le patron du PS qui les a mises "entre parenthèse", "sans vote" qui plus est :
"[L’idée du revenu universel] est mise entre parenthèses par Jean-Christophe Cambadélis, elle n’est pas mise entre parenthèses par moi. Le Bureau national a adopté un texte sans vote. Très bien, moi je respecte les partis. Mais les partis [...] n’enterrent pas les belles idées.
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"Si nous n’avons pas réussi à convaincre dès la première campagne, ce travail-là doit se poursuivre", conclut-il.
[BONUS TRACK]
Après avoir trahi l’engagement de la primaire en soutenant Emmanuel Macron, Manuel Valls a demandé (et échoué ) à obtenir l’investiture d’En Marche ! pour les législatives. Benoît Hamon voit là une "faillite morale" et dénonce son "opportunisme compulsif", auquel il oppose la "puissance des idées" :
"- Benoît Hamon : Il y a quelque chose d’un peu triste à tout ça. Il y a une vraie fin de cycle. Il y a une forme de faillite morale, et dans cette faillite morale, se jouent aussi beaucoup des raisons qui justifient que des électeurs n’estiment plus ce que le Parti socialiste a collectivement représenté.
- Journaliste : La faillite morale de qui ?
- Benoît Hamon : D’un comportement, celui de Manuel Valls qui est aussi celui de ceux qui choisissent de ne pas voter ou soutenir le candidat désigné par des primaires [sic] de s’affranchir finalement de toute règle, qui cherche à survivre ou à prendre sa revanche quoi qu’il se passe. Moi, je crois à la puissance des idées. [...] Je crois dans ces aurores incertaines parce qu’elles sont beaucoup plus prometteuses que l’opportunisme compulsif de certains.
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