L'entrepreneuriat à l'école : le message de François Hollande approuvé à droite, qui attend "des actes" et de la "cohérence"

Publié à 20h36, le 29 avril 2013 , Modifié à 20h44, le 29 avril 2013

L'entrepreneuriat à l'école : le message de François Hollande approuvé à droite, qui attend "des actes" et de la "cohérence"
(Reuters)

Rien de nouveau. C'est la critique partagée par les opposants politiques à François Hollande et par les syndicats enseignants au sujet de ses annonces du jour. Le président de la République a annoncé vouloir faire intervenir plus "d’acteurs économiques" dans le cadre scolaire. 

L'idée :"un programme sur l’entreprenariat de la sixième à la terminale", avec "des stages, des interventions d’acteurs économiques, et une initiation à la vie économique", a expliqué le chef de l'Etat ce 29 avril aux Assises de l'entreprenariat. 

A droite, Benoist Apparu, député UMP et ancien directeur de cabinet de Xavier Darcos à l'éducation nationale tranche, au Lab : "Rien de nouveau sous le soleil". Il s'étonne du message du président de la République qui "se rend compte que les entreprises sont un bon acteur", après avoir "dit que 'mon ennemi, c'est la finance'" et après avoir "laissé des ministres taper sur les entreprises". 

"Le message est toujours bon à prendre", admet-il, signalant un manque de cohérence : 

Ca montre toujours les contradictions fondamentales du gouvernement, il faut un minimum de cohérence, "on vous aime ou on vous aime pas", mais il faut le dire une bonne fois pour toute.

Philippe Vigier, porte-parole de l'UDI, porte un regard plus positif sur les annonces de François Hollande. "C'est plutôt quelque chose qui va dans le bon sens", explique-t-il au Lab. Mais le député s'avoue également surpris : 

C'est surprenant car cela survient quelques semaines après avoir passé l'apprentissage de 14 à 15 ans et après que le stage de 3e soit devenu un stage d'observation. Mais globalement ca va dans le bon sens. 

J'approuve les paroles, j'attends des actes. Il va falloir qu'on parle positivement de l'entreprise, c'est une réforme fondamentale pour accompagner les enseignants et que les enfants découvrent le monde de l'entreprise. C'est un mal francais d'éloigner la formation de l'entreprise. 

De son côté, Alexis Corbière, conseiller de Paris et secrétaire national du Parti de Gauche, profession d'histoire-géographie, est plus cinglant. Au Lab, il explique :  

Je trouve ça stupide, on a un sentiment que ça fait 15 ans qu'on entend les memes choses à droite.

Le sniper de Jean-Luc Mélenchon voit derrière ces propositions une "volonté idéologique" : 

On veut faire croire que l'école ne connait pas le monde de l'entreprise. Je suis professeur en lycée professionnel, donc je vois ce que ça donne les stages. Aujourd'hui, la moitié d'une classe d'âge est dans l'enseignement professionnel ou technologique. Donc l'entreprise, ils connaissent. Et on a d'abord besoin qu'il y ait des moyens donnés à l'école publique.

On essaie d'inculquer cette idée que le problème du chômage en France c'est à cause des jeunes qui ne connaissent pas le monde de l'entreprise, mais le chômage ne vient pas de là. 

Et pour s'opposer à l'idée de François Hollande, Alexis Corbière convoque la laïcité : 

Moi je suis un laïc, et la laicité c'est le refus du religieux à l'école, mais aussi l'introduction d'intérêts privés. Nous an a une conception élargie de la laïcité de l'école. Ca ne doit  pas être un moulin ouvert aux quatre vents qui accepte tous les intérêts privés. C'est encore un recul idéologique. 

Les syndicats d'enseignants, eux, indiquent également qu'il ne s'agit pas là d'une nouveauté. "On a déjà dans le cadre de la loi de refondation de l'école un parcours d'orientation", concède au Lab Frédérique Rollet, secrétaire générale du Snes-FSU : 

On est toujours dans la même idée que c'est par ignorance que les jeunes ne trouvent pas de travail, alors que c'est le chômage le problème majeur, pas le manque de formation.

Même son de cloche chez Christian Chevalier, secrétaire général du SE-Unsa. "Je suis dubitatif et perplexe", glisse-t-il, visiblement interrogatif sur le fond : 

Il faut sortir de la caricature, le monde de l'école n'est pas hostile à l'entreprise. Ce qui m'inquiète c'est qu'un programme ca veut dire des horaires, quels horaires ? Un contenu … quels contenus ? Est ce que ça veut dire une nouvelle discipline ? Pour le moment l'annonce est très très floue.

Les responsables du Snes-FSU et du SE-Unsa signalent dans les deux cas que le chef de l'Etat ne les a pas consulté avant de faire ces annonces. Pour Frédérique Rollet, "c'est hâtif, ça fait preuve d'une certaine fébrilité, on veut rassurer les entrepreneurs, c'est un discours qui est plus en direction des entreprises, c'est une communication politique". 

Et Christian Chevalier prévient : "de toutes façons, le conseil des programmes ne peut travailler là dessus que pour 2015, pas avant". 

 

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