EN CONSCIENCE – Pascal Canfin et trois de ses collaborateurs ont refusé d’embarquer sur un vol vers le Mali qui servait à expulser un Malien, après avoir tenté, en vain, de faire suspendre l'opération de reconduite à la frontière par le ministre de l'Intérieur, Manuel Valls.
Selon des informations du Canard Enchaîné, confirmées au Lab par son cabinet, le ministre délgué EELV chargé du Développement a préféré rester à Paris, ce vendredi 26 avril, plutôt que d’embarquer sur ce vol régulier vers le Mali, où prenaient également place "deux policiers français" procédant à une expulsion.
Le Canard Enchaîné assure que, lorsqu’il a appris cela, Pascal Canfin a fait appeler le ministère de l'Intérieur, en proposant un "marché" au ministre de l’Intérieur, Manuel Valls:
Valls doit suspendre l’expulsion, sinon Canfin n’ira pas à Bamako.
L’hebdomadaire assure que l’argument a "laissé de marbre le ministre de l’Intérieur".
Les reconduites à la frontière sur des vols réguliers sont très impressionnantes, et également critiquées. En janvier 2011, Les Inrocks avaient diffusé, sur leur site internet, la vidéo de passagers contestant l’expulsion "brutale" d’un passager. La scène se déroulait déjà sur un vol Paris-Bamako.
Selon Le Canard Enchaîné, "le malien expulsé venait de passer huit années de taule pour viol aggravé sur mineur", une information qui n’était pas connue par Pascal Canfin lorsqu’il a décidé de renoncer à son déplacement.
Au Lab, le cabinet du ministre précise que Pascal Canfin "ne souhaite pas faire de la communication", mais réitère l’explication d’une décision "prise en conscience".
A Bamako, Pascal Canfin devait participer à une réunion préparatoire à "la conférence internationale des donateurs pour le développement du Mali, organisée par la France et l’Union européenne", ainsi que le prévoyait son agenda.
Son cabinet assure que l’absence de Pascal Canfin de la réunion n’a eu aucune conséquence : c’est l’ambassadeur sur place qui a remplacé au pied levé le ministre, qui s’était déjà rendu "à trois reprises" depuis janvier au Mali sur ce dossier.
L'autre ministre du gouvernement, Cécile Duflot, a elle aussi récemment manifesté une désapprobation manifeste de la ligne du gouvernement, en piquant une grosse colère, au Sénat, jeudi 25 avril, critiquant la décision du gouvernement de ne pas soutenir la loi d'amnistie sociale.