Elections départementales oblige, les partis politiques n'ont cessé de clamer leur position dans le coeur des Français. Le FN revendique toujours son statut de premier parti de France, le PS rétorque qu'il a encore le plus grand nombre d'élus tous mandats confondus, quand l'UMP et son allié de l'UDI n'en finissent pas de se gargariser de leur victoire "historique". Mais en réalité, un "parti" bien plus discret pourrait revendiquer un score élevé dimanche 29 mars : celui des sans-étiquette. Comme le révèle Les Décodeurs, leur nombre de conseillers départementaux est impressionnant : 833.
Les conseillers départementaux par appartenance individuelleLes sans-étiquettes et "divers" représenteraient ainsi près d'un cinquième des élus. Ces chiffres prennent en compte l'appartenance individuelle des candidats, et non pas celle du binôme, qui peut être plus largement appelé "Union de la Droite" ou "Union de la Gauche" (plus d'informations sur la classification adoptée par le ministère par là). Ce qui est surprenant, c'est qu'officiellement ils n'existent pas pour le ministère de l'Intérieur. Pour aboutir à ces chiffres, Les Décodeurs ont eu accès au fichier répertoriant les étiquettes déclarées par les candidats avant que le ministère ne les remplace par des nuances.
#Les sans-étiquettes, force politique en dessous des radars
De fait, le ministère parle de "nuance" et essaie de raccrocher à tout prix chaque candidat à un "courant de pensée". Les sans-étiquette se répartissent dans cette nomenclature, reprise par l'ensemble de la presse et des politiques, mais n'ont pas de catégorie à proprement parler. Seule la catégorie "divers" existe, où sont répertoriés les candidats du Parti Pirate à Chasse, Pêche Nature et Tradition, en passant par le parti des musulmans de France (pdf).
Par exemple, prenons M. Michel, qui se présente sans étiquette, en binôme avec un candidat UMP. Une fois élu, il deviendra pour le ministère un "divers droite". Dans le graphique du Monde (et dans sa vie politique), il restera sans-étiquette.
Ce système qui efface les sans-étiquette des statistiques officielles date des municipales de 2014. Une décision qui avait fait bondir les maires indépendants, qui sont aujourd'hui encore comptabilisés comme ayant une nuance politique alors qu'ils n'en ont pas déclaré.
Cette différence entre "étiquette" et "nuance", qui peut paraître un peu compliquée est en réalité très importante. C'est elle qui fait ainsi aujourd'hui vaciller la présidence de la Lozère ou du Tarn et Garonne. Des départements qui ont été annoncés comme gagnés par la gauche mais dont le sort dépend aujourd'hui de candidats "ni de droite, ni de gauche". La Lozère, qui est pour le ministère le seul département que la gauche a raflé à la droite, pourrait très bien dans les faits ne pas l'être.