Il est contre mais ne s'y opposera pas lors du vote. Le député PS de Saône-et-Loire Thomas Thévenoud illustre parfaitement le dilemne auquel seront confrontés certains parlementaires socialistes lors du vote sur la loi prostitution du mercredi 4 décembre.
Invité de RMC ce 27 novembre, Thomas Thévenoud s'élève contre une loi qui lui semble "hygiéniste" :
Moi je suis très méfiant, j'appelle ça l’hygiénisme moral.
L’Etat n’a pas à légiférer sur les habitudes sexuelles de nos concitoyens. Je suis méfiant aussi parce qu’en écoutant les associations je me rends compte que ça risque de ne pas régler le problème principal qui est l’existence de réseaux mafieux.
J’écoute et j’espère que le débat parlementaire va permettre d’avancer d’autres arguments.
"Méfiant" donc, mais le député ne s'opposera pas à la proposition de loi déposée, et donc validée, par l'ensemble du groupe socialiste, avec Bruno Le Roux en premier signataire. Au pire, il s'abstiendra :
Je ne sais pas [quel sera mon vote]. Je suis député socialiste, il y a un moment où je suis à disposition de mon groupe parlementaire.
Je suis indépendant d’esprit mais je suis responsable aussi et j’appartiens à un groupe et je respecte le collectif.
Les députées PS Maud Olivier et Catherine Coutelle, qui ont élaboré cette proposition de loi, savent que la pénalisation du client prévue dans le texte (l'achat d'acte sexuel sera puni de 1.500 euros d'amende) n'est pas du goût de certains socialistes. Mais espèrent que ceux-là se feront discrets au moment du vote.
Mardi 26 novembre, face à la presse, Catherine Coutelle a ainsi expliqué :
Le vote du groupe PS mercredi sera ultra majoritaire. Les mécontents peuvent s'abstenir.
Les autres groupes ne sont pas unanimes non plus. L'UDI, l'UMP et le Parti radicale de gauche disent ne pas encore avoir pris de position commune mais devraient finalement laisser chacun voter librement.
A l'UMP, le député Guy Geoffroy, très engagé dans la lutte contre la prostitution et président de la commission spéciale sur le sujet, répète que cette loi n'est pas le combat "des pudibonds contre les modernes" :
Nous ne sommes poas des moralistes ! Nous ne sommes pas des culs-serrés !
Les écologistes sont majoritairement opposés à la pénalisation du client. François de Rugy, coprésident du groupe écolo à l'Assemblée, estime ainsi qu'il s'agit d'une "posture idéologique avec des relents moralisateurs". Seule l'élue de l'Essonne Eva Sas s'est prononcée clairement en faveur du texte.
Les communistes devraient en revanche se prononcer pour à l'unanimité. Marie-George Buffet estime par exemple qu'il s'agit là d'un "débat profondément moderne : que les êtres humains n'aient pas à vendre ce qu'ils ont de plus intime".