C'EST SARKO QUI L'A DIT - On accuse souvent Nicolas Sarkozy de chasser sur les terres du Front national, c’est désormais au tour de la formation d’extrême droite de lui rendre la pareille. Interrogé sur RFI le 8 janvier sur la sortie de la monnaie unique prônée par son parti, Louis Aliot, le vice-président, a estimé que "l’euro est presque derrière nous, tout comme Schengen". Une allusion au retour des contrôles aux frontières dans de nombreux pays de l’espace Schengen, dont l’Autriche, l’Allemagne, la Suède mais surtout la France. Et de citer, sans le nommer, un autre homme politique, pour appuyer son propos. "Vous avez vu qu’hier, un ancien ministre de l’intérieur a déclaré : "Schengen est mort" ".
Un "ancien ministre de l’intérieur" ? Il s’agit en fait de l’ex-président de la République, Nicolas Sarkozy. Invité par le patronat flamand début janvier pour donner une conférence sur "l’avenir de l’Europe", le chef du parti Les Républicains avait en effet déclaré: "Schengen est mort. Il fallait d’abord une politique d’immigration commune". Avant d’ajouter : "Il n’y a pas une Europe mais deux, celle des 28 et celle de l’Euro. Elles ne peuvent avoir les mêmes institutions et politiques".
Voilà donc que son analyse est reprise par l'un des principaux cadres frontistes, habituellement plutôt prompts à fustiger sa politique, et plus généralement celle de "l'UMPS" au pouvoir depuis plusieurs décennies. Ce qui ne manque pas de sel...
Lors de cette même conférence, Nicolas Sarkozy avait été introduit par le bourgmestre (maire) d’Anvers Bart De Wever (N-VA, indépendantistes), lequel semble apprécier l’ancien président français, note le quotidien belge Le Soir . "Je ne connais pas personnellement Sarkozy, avait déclaré le leader nationaliste flamand. Mais je partage pas mal de ses visions sur la sécurité, le plan socio-économique et l’immigration". Impression partagée par le chef de l’opposition française, qui avait affirmé quant à lui trouver "agréable d’être au premier rang sans devoir subir les critiques, pour une fois !" Son discours s’était d’ailleurs terminé par une longue standing ovation, rapportent les médias belges présents.
[BONUS TRACK] Merci pour Daech
Interrogé sur les menaces de Daech contre le Front national, dont le secrétaire général Nicolas Bay a rendu responsable le Premier ministre, Louis Aliot a enfoncé le clou : "Je partage le fait que Manuel Valls ne fait pas grand-chose pour protéger nos rassemblements ou même nos personnalités. Il y a beaucoup de gens protégés en France et je rappelle qu'il n'y en a pas beaucoup au Front national". Le vice-président appelle donc le gouvernement à l'action, avant de retourner les choses à son avantage : "Cela prouve aussi que le Front national est le véritable adversaire de l'Etat islamique en France. Car ces gens-là savent que si demain, nous prenons le pouvoir en France, eh bien, ils seront chassés de notre pays d'une manière impitoyable".
Le FN n'a visiblement toujours pas digéré les attaques de Manuel Valls, qui qualifiait la formation de Marine Le Pen de "raciste et antisémite" sur France Inter en décembre. "Voter FN, c'est voter Daech ! Daech fait le boulot du FN", avait estimé de son côté, le sénateur PS de Côte-d'Or, François Patriat, le 1er décembre . Ce qui a arraché ce tweet à Robert Ménard, élu maire de Béziers en 2014 avec l'appui du FN :
#Valls dit à longueur de discours que "l'ennemi c'est le #FN". #Daech pense comme lui visiblement...
— Robert Ménard (@RobertMenardFR) 8 Février 2016