PROCÈS OR NOT PROCÈS ? - Philippe Poutou a sévèrement défouraillé, mardi 4 avril lors du premier débat à 11 candidats sur BFMTV et CNEWS, contre les politiciens "corrompus", s'en prenant nommément, vertement et longuement, à François Fillon et Marine Le Pen. Au bout d'un moment, l'ancien Premier ministre, excédé, a grommelé entre ses dents serrées qu'il allait lui "foutre un procès". On ne sait pas s'il en a réellement l'intention, mais lui et son camp pensent visiblement qu'il y a matière. Luc Chatel, par exemple, ne se montre pas particulièrement énervé contre le représentant du NPA dans cette élection présidentielle, mais estime tout de même qu'il a "bafoué la présomption d'innocence".
Sur franceinfo: ce mercredi, le député LR et porte-parole de François Fillon évacue les accusations formulées la veille par Philippe Poutou en expliquant qu'il a simplement "fait un coup" Et s'il reconnaît qu'il est "normal" que "ce sujet" des affaires qui touchent son champion (mais aussi Marine Le Pen) soit "évoqué", il considère manifestement que Philippe Poutou est allé trop loin. Il dit :
"En même temps, monsieur Poutou bafoue la présomption d'innocence, il parle de 'corruption'. Donc moi je pense pas que c'est ça que les Français attendaient hier.
"
Il s'en tient cependant à cette cela, n'annonçant pas d'éventuelles poursuites après les mises en cause du candidat anticapitaliste.
Même son de cloche du côté d'Eric Ciotti, promu mardi secrétaire général adjoint des Républicains chargé des fédérations, sur Radio Classique :
"On avait l’impression d’être dans un débat ou une émission de télé-réalité selon la posture qu’ont voulu prendre certains candidats qui se sont fait plaisir et ont voulu faire des coups.
"
Pour mémoire, Philippe Poutou avait dynamité le débat en déclarant notamment vouloir "exprimer cette colère-là d’en bas contre des ultra-riches, des richesses indécentes, contre ces politiciens aussi corrompus, il y en a qui se reconnaîtront ici autour de la salle ou autour du pupitre". Plus loin, il avait livré une tirade des plus remarquées :
"Depuis janvier alors là c’est le régal, une campagne super. François Fillon, voilà, il est en face de moi. Que des histoires. Et plus on fouille, plus on sent la corruption, plus on sent la triche. En plus, c’est des bonhommes qui nous expliquent qu’il faut la rigueur, qu’il faut l’austérité, et eux-mêmes piquent dans les caisses publiques donc il y a un petit problème de ce côté-là.
[...] Ensuite il y a aussi Marine Le Pen. Pareil, on pique dans les caisses publiques, alors là c’est pas ici, c’est l’Europe. Alors l’Europe, pour quelqu’un qui est anti-européen, ça ne gêne pas de piquer l’argent de l'Europe. Et le pire c’est qu’en plus le FN qui se dit anti-système ne s’emmerde pas du tout, se protège grâce aux lois du système, grâce à l’immunité parlementaire et donc refuse d’aller aux convocations policières.
"
Sur Europe 1 ce mercredi matin, Philippe Poutou est revenu sur ce coup d'éclat, estimant que beaucoup de Français "attendaient" une expression de la sorte sur les affaires de deux des principaux candidats à la présidentielle. Et de se demander si François Fillon avait vraiment "intérêt à ce qu'il y ait" un procès, tout en disant ne pas vouloir "faire le malin" à ce sujet.
Il est en tout cas devenu une véritable star des internets depuis mardi soir, avec ses punchlines devenues virales.