Il était parmi les frondeurs du PS opposés à la loi sur la réforme du code du Travail, dite loi El Khomri. Une loi contestée fortement par les syndicats et une partie de la gauche mais passée par l’arme du 49.3 et finalement promulguée par François Hollande début août . En pleine séquence médiatique de lancement de sa candidature à la primaire du Parti socialiste , Benoît Hamon reste fidèle à son opposition au texte de la ministre du Travail et assure, ce mercredi 17 août, que lui président, il proposera d’abroger purement et simplement cette loi.
Invité de France Inter pour vanter sa candidature et présenter les prémices de son programme (revenu minimum, réduction du temps de travail, ne plus faire de la croissance l’alpha et l’omega de la politique économique, 6e République, légalisation du cannabis...), le député PS des Yvelines a ainsi lancé, en mode "Moi président" :
"Élu président de la République, je proposerai l’abrogation de la loi El Khomri. Aujourd’hui je ne suis pas favorable à ce qu’on baisse le tarif des heures supplémentaires, qu’on facilite le licenciement.
"
Pas question pour autant de ne pas encourager la négociation sociale, précise aussitôt celui qui a été ministre de l’Economie sociale et solidaire de François Hollande avant de passer brièvement par le ministère de l’Education. "Dire qu’on abroge la loi El Khomri, ça ne veut pas dire qu’on n’encourage pas la négociation sociale. Elle doit se faire au niveau des branches, au niveau de l’entreprise", poursuit celui qui va batailler avec Arnaud Montebourg, Marie-Noëlle Lienemann ou encore Gérard Filoche pour représenter l’aile gauche du PS.
Mais Benoît Hamon précise aussi, lui qui est favorable à une 6e République moins "monarchique", que l’abrogation éventuelle de la loi El Khomri ne sera "pas le fait du Prince" et qu’il la soumettra au Parlement :
"La loi El Khomri, parce qu’elle a comme conséquence, ou qu’elle aura comme conséquence, de fragiliser les salariés, oui, je proposerai son abrogation. Mais comme j’aspire à une République démocratique qui respire davantage, ce ne sera pas le fait du Prince. Le débat aura lieu avec le Parlement.
"
Une manière aussi de se différencier de Manuel Valls qui a eu recours au 49.3 pour faire passer la loi El Khomri.
[BONUS TRACK] Pro-légalisation
C’est un sujet hautement inflammable dans le débat politique. Un débat que Manuel Valls veut bien avoir mais qu’il estime déjà clos : celui de la question de la légalisation du cannabis. Alors que plusieurs voix à gauche s’élèvent en faveur d’une évolution de la législation en la matière et qu’un rapport interministériel préconise la contraventionnalisation de cette drogue , Benoît Hamon prône la légalisation. Sur France Inter, il explique sa position :
"L’économie souterraine liée au cannabis est importante, c’est un foyer de délinquance et d’insécurité. Et on reste, au nom de la fermeté, sur une position qui choisit l’inefficacité. On surjoue la fermeté mais il n’y a pas moins d’insécurité, pas moins de violence, pas moins de commerce de cannabis. Le sujet, au-delà de la dépénalisation de l’usage du cannabis, c’est la question de la légalisation. C’est-à-dire le fait de mettre en débat le principe selon lequel, comme dans d’autres pays, l’Etat prenne en charge la distribution contrôlée du cannabis. Il faudra qu’on ait ce débat-là. On est dans l’hypocrisie la plus complète. On se satisfait de postures. On sait que rien ne marche, qu’aucune solution n’est trouvée. (…) Je n’encourage pas l’usage du cannabis. Mais je crois qu’il faut qu’on se penche sérieusement sur ces questions.
"