"Madame Dupont" et l'argent public : le très étrange argument de Virginie Calmels en défense de Fillon

Publié à 09h51, le 14 février 2017 , Modifié à 10h26, le 14 février 2017

"Madame Dupont" et l'argent public : le très étrange argument de Virginie Calmels en défense de Fillon
Virginie Calmels © Montage le Lab via France Inter

On pensait que le grand concours d'arguments foireux était terminé. Il faut dire que la compétition avait été rude, dans les premiers jours de l'affaire Fillon. Depuis, on sentait que la droite avait repris ses esprits et rangé les éléments de langage bancals au placard, pour se concentrer sur la promotion de la nécessaire "unité" autour de leur candidat. Et puis revoilà Virginie Calmels.

Sur France Inter mardi 14 février, l'adjointe d'Alain Juppé à la mairie de Bordeaux, ex-tête de liste défaite aux régionales et actuelle membre de l'équipe de campagne de François Fillon, dégaine un nouvel argument légèrement *surprenant*. Elle explique :

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- Virginie Calmels : Une fois encore, je pense qu'il faut parler vrai. Bien évidemment qu'on sort d'une période, les deux dernières semaines, qui a été compliquée pour faire campagne. Parce qu'il y avait un besoin d'explication, de revenir sur cette affaire, combien ça a coûté au contribuable. Je note que les sommes qui ont été mises sur la table ont pu choquer les gens, en même temps c'est pas plus d'argent public dépensé parce que, que ça aille à madame Fillon ou que ça aille à madame Dupont, attachée parlementaire, c'est la même somme puisqu'elle est légale.



- Journaliste : Non ça n'est pas, ça n'est pas...



- Virginie Calmels : Non mais pour le contribuable...



- Journaliste : Le salaire des attachés parlementaires n'est pas le salaire qu'a touché madame Fillon.



- Virginie Calmels : Pardon de vous dire qu'il y a une enveloppe, et cette enveloppe, elle est légale et c'est au parlementaire de décider comment il l'attribue.

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Selon Virginie Calmels, il n'y a donc vraiment pas lieu d'être "choqué" par les salaires de la collaboratrice Penelope Fillon parce que 1) épouse ou pas épouse, cette somme aurait été dépensée pour payer un(e) assistant(e) parlementaire et 2) tout cela est légal. Or ce faisant, elle omet sciemment les soupçons d'emplois fictifs qui pèsent sur le couple Fillon dans cette affaire.

Ce n'est pas le fait que le député et sénateur Fillon (mais aussi son suppléant à l'Assemblée) ait embauché son épouse qui pose ici problème sur un plan juridique. Si cet aspect moral n'est pas étranger à la polémique, cela est en effet parfaitement légal en France. En revanche, payer quelqu'un sans travail effectif en échange (ce que la justice tente de vérifier actuellement) , a fortiori sur de l'argent public, est pénalement répréhensible.

Pour reprendre la logique de Virginie Calmels, il y aurait au contraire tout lieu d'être "choqué" si cette même somme avait été dépensée pour payer un(e) assistant(e) parlementaire fictif(ve) qui ne s'appellerait pas Penelope Fillon

La dauphine désignée d'Alain Juppé à la mairie de Bordeaux a parfaitement raison de préciser que les parlementaires distribuent comme ils l'entendent leur "crédit collaborateur", cette enveloppe destinée à rémunérer des assistants. Mais comme le lui fait remarquer la journaliste de France Inter, les sommes touchées par Penelope Fillon (par exemple 3.248,75 euros net mensuels de 1998 à 2002, 6.009,07 euros net mensuels de 2002 à 2007 ou encore 3.872,91 euros net mensuels de 2012 à 2013) sont sans commune mesure avec le salaire moyen d'un collaborateur parlementaire. Celui-ci s'élève à 2.344 euros net mensuels (3.044 euros brut) comme l'avait précisé Le Figaro.



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