Magnanville : la droite et le FN relancent le procès en "laxisme" du gouvernement

Publié à 09h24, le 14 juin 2016 , Modifié à 15h01, le 14 juin 2016

Magnanville : la droite et le FN relancent le procès en "laxisme" du gouvernement
Les forces du RAID quittent les lieux après l'assaut contre l'homme se revendiquant de Daech, à Magnanville (Yvelines) lundi 13 juin © MATTHIEU ALEXANDRE / AFP

Un couple de policiers a été assassiné, lundi 13 juin au soir, à son domicile de Magnanville (Yvelines), par un homme se revendiquant du groupe État islamique (EI). L'organisation terroriste a rapidement revendiqué cet acte, qualifié de "terroriste" par le gouvernement. L'auteur présumé était connu des services de renseignement et de la justice antiterroriste. Il s'agit d'un homme de 25 ans qui avait été arrêté en 2011 et condamné en 2013 à trois ans de prison dont six mois avec sursis dans le cadre du procès d'une filière d'acheminement de djihadistes vers le Pakistan. Il faisait depuis l'objet d'une surveillance, notamment de la part de la Sous-direction anti-terroriste (SDAT) et de la Direction générale de la Sécurité intérieure (DGSI). Il était également connu de la justice pour des actes de délinquance.

La classe politique dans son ensemble a relayé des messages "d'effroi", de "colère", de "tristesse" et de "soutien" aux forces de l'ordre ainsi qu'aux proches des victimes. Mais une partie de la droite et le FN ont aussi embrayé sur un discours beaucoup plus politique, rouvrant le procès en "laxisme", en"inaction" voire en "complicité" du gouvernement face au terrorisme islamiste.

> À lire : "Infinie tristesse" : les réactions de Hollande, Valls et Cazeneuve après le meurtre d'un couple de policiers revendiqué par Daech

# Au FN

Le Front national a embrayé très vite et en groupe sur cette dénonciation, à l'image de sa présidente Marine Le Pen et de son vice-président Florian Philippot :

"Le laxisme judiciaire, politique est complice de cette barbarie", a pour sa part accusé le maire d'Hénin-Beaumont Steeve Briois, quand l'eurodéputé Jean-François Jalkh estimait que ce double meurtre avait été commis "avec la complicité du laxisme judiciaire français" :

La plupart des principaux cadres du Front ont relayé le même discours plus ou moins fortement, des eurodéputés Sophie Montel et Gilles Lebreton au chef de file des élus FN en région Bretagne, Gilles Penelle :

# À LR

Le président du parti d'opposition Nicolas Sarkozy a quant à lui appelé, dans un communiqué, à un renforcement des mesures de sécurité notamment "dans le cadre de l'état d'urgence" :

 

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Nos démocraties font face à une menace terroriste intérieure et extérieure qui n’a jamais été si élevée. Dans le cadre de l’état d’urgence, notre niveau de vigilance doit être adapté sans délai et tous les enseignements de l’enquête judiciaire en cours sur le profil et le mobile du terroriste doivent être tirés pour renforcer la sécurité des Français et la protection de nos forces de l’ordre. L'engagement de la Nation doit être entier et ne souffrir d’aucune faiblesse. Les terroristes doivent savoir que la France et les Français ne céderont jamais.

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"On est en état de guerre contre le terrorisme. Je demande à Manuel Valls et François Hollande de nous dire ce qu'ils vont faire. La riposte doit monter d'un cran, tout de suite, au moment où je vous parle", a renchéri Valérie Pécresse, présidente de la région Île-de-France, sur iTélé.

Le député LR Éric Ciotti, spécialisé sur les questions de sécurité, a pour sa part formulé de nombreuses attaques contre l'exécutif, appelant à "une vraie prise de conscience du gouvernement", qui a selon lui "commis des erreurs" :

Moquant par avance "la banalisation de la part du gouvernement" de ces messages, il a aussi accusé les autorités de mettre les forces de l'ordre en difficulté tout en "laiss[ant] dans une situation de totale liberté des individus dont nos services connaissent la dangerosité". Un angle d'attaque également développé par Laurent Wauquiez, numéro 2 du parti :

D'autres responsables de droite se sont indignés que cet acte n'ait pas été "empêché", à l'image de la sénatrice Joëlle Garriaud-Maylam, qui a fustigé "une nouvelle preuve des insuffisances de notre politique antiterroriste" :





[BONUS TRACK] C'est non

Manuel Valls a cependant rapidement répondu par la négative aux demandes de mesures sécuritaires exprimées par la droite et l'extrême droite. Interrogé sur le sujet à son arrivée à l'Assemblée nationale pour la réunion du groupe PS, mardi matin, le Premier ministre a fait valoir que "des mesures ont déjà été prises pour la protection des policiers", ajoutant :

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Nous n'allons pas adopter à chaque fois une nouvelle mesure.

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Pour la "législation faits divers", il faudra donc repasser. "Mais nous voyons bien que nous sommes face à des modes opératoires, à des attaques de différents ordres qui incitent bien sûr à la prudence et à mettre en oeuvre tous les dispositifs que nous avons déjà adoptés", a conclu Manuel Valls. Selon la journaliste de Libération chargée du suivi de l'Assemblée, le chef du gouvernement a par ailleurs invité les députés socialistes à ne pas "polémiquer avec la droite sinon le discours populiste fera mouche" :

Tout cela préfigure donc d'une séance de questions au gouvernement (à partir de 15h) dans une ambiance électrique. 

Du rab sur le Lab

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