PROMESSE - En ce moment, Manuel Valls ne veut pas "politiser" en permanence ses déclarations, s'énervant au passage contre le "jeu des médias". "Le pays a besoin d'autre chose" affirme-t-il pour justifier sa volonté de ne pas tomber dans le jeu des petites phrases ou des bons mots contre son adversaire. Mais en réalité, par des tribunes ou des allusions bien évidentes, le Premier ministre n'a pas l'intention de laisser le monopole de "l'autorité" à Nicolas Sarkozy.
Nouvelle illustration en ce 6 novembre. En déplacement à Moirans , où des émeutes avaient eu lieu le mois dernier, Manuel Valls a tenu un point presse en compagnie du maire de la ville, pour promettre notamment des sanctions contre les auteurs des violences. Juste après Moirans, le Premier ministre était attendu à Grenoble pour prononcer un discours sur l'autorité. Ville où Nicolas Sarkozy avait prononcé, en 2010, un discours sur le même thème, qui avait marqué tant il avait "dégainé tout azimut" comme l'expliquait Libération .
Alors, forcément, il est interrogé par une journaliste sur la portée symbolique de ce discours. Et Manuel Valls ne souhaite toujours pas entrer dans "le jeu des médias" en refusant toute comparaison avec le chef de Les Républicains. En réponse, il évite la question et dit notamment :
"Vous pensez que j'ai organisé, moi, les événements à Moirans pour pouvoir m'exprimer ? Mais il y a eu un problème de sécurité ici et nous nous incarnons, avec Bernard Cazeneuve, l'autorité de l'État, l'engagement de l'État et avec un esprit qui est un esprit profondément républicain. [...]
Dans ces moments-là, il faut être capable de rassembler, d'être extrêmement déterminé et d'appliquer la loi de la République. Sans stigmatiser, sans chercher à montrer du doigt quiconque.
"
Manuel Valls explique donc ne pas vouloir se référer à Nicolas Sarkozy. Sauf que...
Quelques heures plus tard, à Grenoble donc, il dit notamment :
"Il ne s’agit pas ici, comme cela a pu être le cas dans un discours tristement célèbre, prononcé à Grenoble, d’opposer les uns aux autres, de stigmatiser, de cibler en permanence une même catégorie de la population, d’établir un lien direct entre immigration et délinquance.
"
Vous l'aurez compris, même s'il ne le cite pas, c'est bien Nicolas Sarkozy qui est visé par Manuel Valls. Il répète par ailleurs ce qu'il disait à Moirans quelques heures plus tôt, en donnant la position officielle du gouvernement sur le sujet. Mais, promis, pas de références à Nicolas Sarkozy.
À LIRE SUR LE LAB :
> En visite aux Mureaux, Manuel Valls s'agace du "jeu des médias"
> VIDÉO - Cazeneuve fact-checke Sarkozy en direct à la radio (et filoute un tout petit peu)
À LIRE SUR EUROPE1.FR :
> A Moirans, Valls assure que les auteurs des violences seront "sanctionnés"