Manuel Valls veut "un nouveau modèle" pour "l'islam de France"

Publié à 09h08, le 29 juillet 2016 , Modifié à 19h37, le 29 juillet 2016

Manuel Valls veut "un nouveau modèle" pour "l'islam de France"
Manuel Valls © Martin Bureau/ AFP

Concordat or not concordat ? Manuel Valls ne rentre pas précisément dans ce débat sémantique. Mais le Premier ministre se dit clairement favorable à la mise sur pied d'une "nouvelle relation avec l’islam de France", un "nouveau modèle" qui inclurait notamment la formation des imams "en France et pas ailleurs" et une interdiction temporaire des "financements de l’étranger pour la construction des mosquées".

Dans une interview au Monde vendredi 29 juillet, et alors que la question du fonctionnement et de l'organisation du culte musulman est revenue dans le débat ces derniers jours, le Premier ministre présente donc cette vision des choses, indiquant succinctement que "le ministre de l’Intérieur [Bernard Cazeneuve] y travaille". En réponse à une question sur les propos du recteur de la grande mosquée de Paris Dalil Boubakeur (qui s'est dit favorable à une "certaine réforme" des institutions musulmanes), Manuel Valls explique :

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Il faut une remise à plat et inventer une nouvelle relation avec l’islam de France. C’est bien un nouveau modèle que nous devons bâtir. Le ministre de l’Intérieur y travaille. Je souhaite, notamment, que les imams soient formés en France et pas ailleurs. Je suis favorable à ce que, pour une période à déterminer, il ne puisse plus y avoir de financement de l’étranger pour la construction des mosquées.



Il faut être intraitable avec les mises en cause de la laïcité, les idéologues intégristes, et tous ceux qui, sous couvert d’un discours fondamentaliste, préparent les esprits à la violence. Le salafisme n’a pas sa place en France. C’est un débat qu’il ne faut pas fuir. Il appartient donc à l’islam de France de réagir. Tous les citoyens ont un rôle à jouer et les musulmans, aussi bien sûr, dans la lutte contre la radicalisation.

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Dans ce même entretien, le chef du gouvernement précise que les autorités françaises ont déjà "expulsé 80 imams ou prêcheurs de haine".

Auprès du Lab ce vendredi, l'entourage de Bernard Cazeneuve confirme que cette piste d'une interdiction des financements étrangers dans la construction et l'entretien des mosquées est bien à l'étude du côté de Beauvau. Mais cela se ferait "à droit constant" donc sans changer la loi, affirme-t-on. Concrètement, "une fondation" qui réunirait l'État et "des représentants cultuels, des membres de la société civile et des intellectuels" serait chargée d'évaluer des "projets culturels" mais aussi "cultuels" et de décider de "levées de fonds" permettant de contrôler leur financement. Les lieux de culte seraient donc concernés.

"Il s'agit d'une fondation créée par Dominique de Villepin et aujourd'hui en sommeil, à laquelle il faut donner la dimension que l'on souhaite", précise-t-on encore, soulignant que "le Conseil français du culte musulman est pleinement inscrit dans cette démarche".

Mercredi, Le Canard Enchaîné rapportait ce questionnement de Bernard Cazeneuve formulé lors du séminaire gouvernemental du 23 juillet (et vigoureusement démenti par le ministre) :

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Tout en gardant mes principes républicains, je m'interroge sur l'usage vis-à-vis de l'islam d'un concordat tel que celui qui est en vigueur en Alsace-Moselle.

 

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L'idée étant notamment qu'un contrôle des financements des lieux de culte musulman ainsi que de la formation des imams permettraient d'endiguer certaines dérives extrémistes.

Le débat sur les institutions de l'islam en France est porté par de plus en plus de politiques ces derniers mois, du socialiste Benoît Hamon au Républicain Gérald Darmanin, en passant par les candidats à la primaire Jean-François Copé et Nathalie Kosciusko-Morizet, ou le député juppéiste Benoist Apparu.

L'une des questions centrales pour faire aboutir ces réflexions autour d'un "accord" avec le culte musulman est celle de la représentativité des institutions de ce dernier. Le Conseil français du culte musulman (CFCM), interlocuteur officiel de l'État depuis 2003, est en effet contesté jusqu'au sein de la communauté musulmane. L'islam n'est par ailleurs pas doté d'une hiérarchie interne équivalente au clergé catholique ou au consistoire du culte israélite.



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