ANTIRÉPUBLICAIN, TU PERDS TON SANG-FROID - Nicolas Sarkozy a clairement choisi l'option offensive contre le gouvernement en matière de lutte antiterroriste. Son message : "tout ce qui pouvait être fait ne l'a pas été" et l'exécutif doit "sans délai" appliquer les mesures proposées par la droite. Et sans se réfugier derrière des "arguties juridiques", s'il vous plaît.
L'ancien chef de l'État accuse aussi la gauche d'avoir été "tétanisée" par ce contexte de menace terroriste permanente. Ce à quoi Manuel Valls et François Hollande répondent clairement : la France "a une stratégie" et "nous gagnerons cette guerre", "aucun gouvernement n’a fait autant jusqu’à présent pour lutter contre le terrorisme" et "nous ne céderons pas sur l'État de droit" (exit, donc, les mesures anticonstitutionnelles ou contraires à la Convention européenne des droits de l'homme et aux jurisprudences constantes du Conseil d'État).
Vendredi 29 juillet dans une interview au Monde, Manuel Valls ajoute une nouvelle couche à cette ligne de défense : répondant aux accusations de Nicolas Sarkozy, il explique que ce dernier perd les pédales, ni plus ni moins. Il dit :
"C’est une vieille recette de la droite qui conteste la légitimité de la gauche au pouvoir. Mais sur la sécurité, nous n’avons pas de leçons à recevoir.
[...] Certains cherchent à discréditer la gauche en alimentant les peurs pour se constituer un capital politique. Mais ni la primaire de la droite, ni l’élection présidentielle ne justifient de telles attitudes. Nicolas Sarkozy perd ses nerfs. Etre lucide face à la menace, ce n’est pas basculer dans le populisme.
"
À la supposée faiblesse du pouvoir face au terrorisme, le chef du gouvernement rétorque donc que le patron de l'opposition, qui aspire (de nouveau) aux plus hautes responsabilités, cède à la panique et à la tentation électoraliste. Tandis que l'exécutif, de son côté, est pleinement concentré sur sa tâche de protection des Français, selon Valls. Qui enfonce le clou :
"Nous avons un triptyque à casser : la peur, la surenchère et le populisme. Il faut y opposer la vérité, le sang-froid et le respect de l’État de droit.
Dans un tel moment, le débat n’est pas entre la gauche et la droite, entre les laxistes et les sécuritaires. Il porte plus fondamentalement sur ce que nous sommes et sur ce que doit être la France. L’essentiel est en jeu, la République. Et notre bouclier, c’est la démocratie.
"
En somme, il replace le débat sur la question de savoir qui assume le mieux son statut d'homme d'État, garant du respect des institutions de la République. Au passage, cette référence aux "nerfs" et au "sang-froid" n'est pas totalement anodine non plus pour un Manuel Valls qui a souvent été accusé de manquer des deux, particulièrement par... Nicolas Sarkozy.