Notre éditorialiste Olivier Duhamel le conteste : les déclarations de la présidente du FN sur le voile et la kippa n'ont rien à voir avec la laïcité.
Une escroquerie intellectuelle
Marine Le Pen persiste et signe après son interview fracassante dans Le Monde. Elle veut interdire le port d'un voile ou d'une kippa dans la rue. Elle précise juste que "la kippa ne pose pas de problème dans notre pays" , mais que "les règles…doivent également s'appliquer à l'ensemble des religions".
En vertu de ce principe, elle devrait aussi prôner l'interdiction du port d'un costume romain par les prêtres, d'un voile par les bonnes soeurs, d'un turban par les Sikhs…
L'escroquerie intellectuelle consiste à rattacher de telles interdictions à la laïcité. Personne n'y a songé durant plus d'un siècle d'application de la loi de 1905. Et l'article 2 de cette grande loi de la laïcité ne prône pas seulement la séparation entre l'Etat et les religions :
La République ne reconnaît, ne salarie ni ne subventionne aucun culte.
Elle consacre d'abord la liberté de conscience, dans son premier article :
La République assure la liberté de conscience. Elle garantit le libre exercice des cultes.
Ajoutons que la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1789, qui a valeur constitutionnelle, dispose en son article 10 :
Nul ne doit être inquiété pour ses opinions, même religieuses.
Les propositions de Marine Le Pen relèvent donc d'un racisme anti-musulman. Elles sont à la fois inconstitutionnelles et contraires à la laïcité.