GUERRE SÉMANTIQUE - La dédiabolisation du FN passe par une guerre des mots. Et notamment par le refus systématique de ses dirigeants d'être qualifié de parti "d'extrême droite". Marine Le Pen a laissé entendre le 2 octobre devant des journalistes et analystes d'opinion réunis à L'Express qu'elle attaquerait en justice toute personne, et surtout tout journaliste, qui utiliserait ce terme. Ce jeudi, au micro de RTL, elle précise sa pensée.
Alors que Jean-Michel Aphatie lui demande s'il sera poursuivi s'il parle du FN comme d'un parti d'extrême-droite, la présidente frontiste lui répond :
"Je vais envisager de demander à la justice de considérer qu’il s’agit d’un terme péjoratif volontairement utilisé pour nuire au Front national et donc rompre l’impartialité à laquelle vous devriez être tenu.
"
Car pour Marine Le Pen, parler d'extrême-droite est une preuve de partialité journalistique :
"Si vous êtes impartial, le ministère de l’Intérieur a une nomenclature pour les partis politiques en matière électorale : Parti socialiste, UMP, Front national ... ET extrême-droite.
"
Pour résumer sa nouvelle fronde, Marine Le Pen a préparé une formule :
"Je pense qu’affubler le Front national de ce terme volontairement péjoratif d’extrême-droite est une faute déontologique de la part des journalistes, un acte de militantisme et une bavure intellectuelle.
"
Et alors que le journaliste lui fait remarquer que les origines du Front national sont à chercher du côté de l'extrême-droite, la fille de son fondateur dément d'un "mais absolument pas Monsieur Aphatie, absolument pas !".
Interrogé sur cette terminologie sur BFMTV le même jour, Harlem Désir a dénoncé une stratégie du FN visant à "brouiller les frontières entre les formations politiques" :
"Ils le sont [à l'extrême-droite, ndlr], c’est une évidence. (...)
C'est un parti héritier de l’extrême-droite classique antirépublicaine.
"
[Edit 9h00 avec ajout des citations de Harlem Désir]