D'un côté une polémique sur la présence des Roms en France. De l'autre, un refus du gouvernement français de faire entrer la Roumanie et la Bulgarie dans l'espace Schengen pour le moment. Deux actualités qui se téléscopent au point de donner l'impression que la seconde découle de la première.
Ce 1er octobre, lors des questions au gouvernement, Jean-Marc Ayrault a donc tenu à faire une mise au point : si les conditions ne sont pas réunies pour cette entrée des deux pays, cela n'a rien à voir avec la question des Roms. Ces derniers ne seraient pas plus nombreux en cas d'intégration à l'espace Schengen :
S'adressant au député UMP Julien Aubert, Jean-Marc Ayrault s'est ainsi exclamé :
Vous venez de faire un amalgame ridicule entre la libre circulation au sein de l’Union européenne qui concerne notamment les citoyens roumains et bulgares, dont une partie appartient à une minorité respectée par les droits européens qui sont le Roms, (..) et Schengen.
A l'heure actuelle, les Roms peuvent déjà circuler tout à fait librement au sein de l'Union européenne. Comme l'a expliqué Désintox dans Libération, la seule différence avec une entrée de la Roumanie et de la Bulgarie dans l'espace Schengen est que leurs ressortissants n'auraient plus à passer par les cases passeports et douane aux frontières. Un gain de temps mais pas de barrière en moins.
En France, les Roms deviennent expulsables, comme tout Européen, au bout de trois mois s'ils ne présentent aucune ressource et ne travaillent pas. Cela ne changerait pas non plus avec Schengen.
Alors pourquoi repousser l'entrée de la Roumanie et de la Bulgarie? Ces deux pays doivent être capables de contrôler leurs frontières extérieures. C'est ce qu'a voulu expliquer Jean-Marc Ayrault aux députés :
S’agissant de Schengen, il s’agit des frontières de l’Union européenne, pas des ressortissants de l’Union à l’intérieur. Ce n’est donc pas la circulation de vous et de moi et de tous les autres, ce sont ceux qui pourraient passer par des frontières qui seraient celles de l’Europe.
Et Schengen a établi des règles claires : les Etats qui seront membres de Schengen doivent assurer au reste des membres que les frontières seront bien contrôlées, qu’on empêchera l’immigration clandestine, qu’on lutte contre la criminalité, le trafic d’être humain.
Autrement dit, ce ne sont pas des Roms, déjà libres de circuler, qui bénéficieraient de cette ouverture, mais des immigrés venant de pays non européens. Un Turc ou un Syrien qui obtiendrait un visa Schengen de la Roumanie pourrait par exemple circuler dans toute la zone, et donc venir plus facilement en France. L'UE veut s'assurer que ces visas seront délivrés suivant ses propres règles avant d'accueillir la Roumanie et la Bulgarie.
Enfin, l'entrée d'un nouveau pays dans l'espace Schengen doit être autorisée par une décision unanime des ministres de l'Intérieur de tous les pays de l'UE. En mars dernier, ces derniers ont repoussé la décision à octobre. Manuel Valls votera contre lors de cette nouvelle réunion. Mais pas à cause de son opinion sur les Roms.
Jusqu'à cette mise au point du Premier ministre, l'entourage de François Hollande n'avait pas fait ce type de clarification. Bien au contraire.
Interrogé précisément sur le dossier des Roms, un proche conseiller abordait de lui-même la question d'un élargissement de l'espace Schengen:
Sur Schengen la question est posée mais dans les conditions actuelles, il n'est pas possible que la Bulgarie et la Roumanie rentrent dans l'espace Schengen, ça ne sera pas le cas d'ailleurs au 1er janvier.