UNE MONDIALISATION, DEUX SOCIALISTES - Cette fois c'est sûr, ils ne s'entendent pas. Tous deux membres du Parti socialiste, Pascal Lamy, directeur de l'Organisation mondiale du commerce, et Arnaud Montebourg, ministre du Redressement productif, échangent depuis trois jours des amabilités au sujet de la mondialisation.
Et dimanche, Arnaud Montebourg a franchi un pas dans la véhémence.
En tant que directeur de l'OMC, Pascal Lamy incarne aux yeux d'Arnaud Montebourg la mondialisation, que le hérault du "patriotisme économique" entend combattre.
Franc partisan de la "démondialisation" pendant la primaire désignant le candidat socialiste à l'élection présidentielle, Arnaud Montebourg a multiplié les polémiques depuis sa nomination au ministère du Redressement productif, pronant une forme d'interventionnisme hostile au libre échange.
Mais depuis qu'il a été désavoué par son Premier ministre au sujet de la nationalisation de Florange, Arnaud Montebourg avait promis de s'assagir.
Rechute ? Invité dimanche du Grand Rendez-vous Europe 1/Le Parisien/i>Télé, le ministre a sonné la charge contre l'OMC et contre Pascal Lamy :
Je crois que la politique de l'OMC est une grave erreur. Elle a provoqué ce qu'on appelle la mondialisation déloyale et sans règle contre laquelle aujourd'hui tous les continents cherchent à se protéger.
Plus tôt au cours de l'interview, Arnaud Montebourg s'est même montré plus direct :
Demandez aux pays africains si ce n'est pas un désastre, le libre échange où on met en concurrence tout avec tout !
Les mesures de protection sont nécessaires et donc, les béats admiratifs du libre échange qui ont construit toute leur action sur cette base-là ce sont gravement trompés.
L'intervieweur demande une clarification : le "béat admiratif du libre échange" en question, c'est bien Pascal Lamy ? Et la réponse est... oui :
Il n'y a pas que Pascal Lamy, ils sont nombreux malheureusement...
Vendredi, le directeur de l'OMC avait déclaré sur BFM qu'Arnaud Montebourg "avait un problème de GPS". Il réagissait ainsi aux critiques du ministre concernant le bilan "désastreux" de l'OMC.
Une tension qui pourrait jouer des tours à Arnaud Montebourg : des rumeurs font de Pascal Lamy un successeur possible de Jean-Marc Ayrault à Matignon, en cas de remaniement. Son mandat à la tête de l'OMC expire en septembre prochain.
De quoi pronostiquer des échanges musclés lors des prochains congrès du Parti socialiste... voire au gouvernement.
>> BONUS TRACK - MONTEBOURG, TOUT SCHUSS
Le ministre du Redressement productif est plutôt ski que tango. C'est en tout cas ce qu'il affirme à Jean-Pierre Elkabbach, qui lui demande s'il fait partie du gouvernement "tango", celui qui fait "un pas en avant, deux pas en arrière". Arnaud Montebourg réplique fermement :
En ce qui me concerne, je n'ai pas l'impression de danser le tango. C'est plutôt "tout schuss" chez moi, voyez ?
Une affirmation d'autant plus cocasse que le ministre, alors en plein doute après avoir été désavoué par Jean-Marc Ayrault, avait passé ses vacances de Noël à la montagne avec ses enfants. Et selon le Dauphiné Libéré, Arnaud Montebourg serait "bon skieur".