CACHE TA JOIE - Il avait été plutôt sobre après le premier tour des élections départementales, dimanche 22 mars, jouant à fond la carte de l'humilité tout en gardant une très haute opinion de lui-même et de sa stratégie. C'est un ton très différent que Nicolas Sarkozy a adopté, une semaine plus tard, devant la victoire de son camp au second tour, soulignant le caractère historique de ces résultats pour la droite. Et en privé, le président de l'UMP s'est livré à un véritable festival d'autosatisfaction, à en croire une ribambelle de propos plus qu'euphoriques rapportés par Le Canard Enchaîné, mercredi 1er avril.
Cela commence à 17h45, avec ce commentaire *à peine* enjoué quant aux résultats à venir : "Putain, c'est bon, on arrache tout !" Ensuite, tous ses rivaux pour la primaire de 2016 ont eu droit à leur petit taquet. À commencer par son ancien Premier ministre, François Fillon. Voilà la réaction de l'ancien chef de l'État en apprenant l'arrivée de ce dernier au siège de l'UMP, dimanche soir :
"Il ne manque pas d'air, celui-là ! Il revient de vacances, il n'a rien foutu et il se pointe [...]. Il est comme ça, il vient baiser la babouche du vainqueur de la soirée. Du coup, je vais le recevoir...
"
Aussitôt dit, aussitôt fait : François Fillon est reçu dans le bureau du patron mais (toujours selon l'hebdomadaire), en compagnie de... Louis, le fils de Nicolas Sarkozy et Cécilia Attias. Voilà pour les égards envers l'ancien "collaborateur".
Vient ensuite le tour d'Alain Juppé, qui a vu son département de la Gironde rester à gauche au milieu de toutes les bascules vers la droite. Pour le très grand plaisir de Nicolas Sarkozy. Selon Le Canard, celui-ci s'est exclamé :
"Dites-moi, la Gironde, c'est toujours aussi bon (sous-entendu aussi mauvais pour Alain Juppé) ? C'est con, on gagne plein de départements, sauf celui-là. C'est ballot, 'le meilleur d'entre nous' ne gagne pas.
"
Si vous en doutiez, Nicolas Sarkozy est donc bien heureux de constater l'échec du maire de Bordeaux.
Bruno Le Maire a quant à lui été servi dans la soirée. Le député de l'Eure a "raconté à ses troupes" la discussion téléphonique qu'il a eue avec Nicolas Sarkozy. Un président de l'UMP "euphorique", d'après ce que rapporte le palmipède, qui cite Bruno Le Maire :
"Il a même dit qu'il n'y avait plus besoin de primaires !
"
Cette victoire de son parti aux départementales le qualifierait donc presque d'office pour la présidentielle...
Et bien sûr, celui qui ambitionne de reconquérir l'Élysée en 2017 ne s'est pas oublié. Mais là où ses adversaires en ont pris plein la poire, lui s'est comme il se doit couvert d'éloges. Cela a dans un premier temps été précédé de sérieux efforts de sa part pour ne pas trop fanfaronner : "Il faut que je me calme, il faut que je me calme, tout le monde a gagné", a-t-il temporisé, toujours d'après Le Canard. Avant d'ironiser : "On est bien d'accord, pas de triomphalisme. C'est l'UMP qui a gagné. Et surtout, je n'y suis pour rien. Pour rien."
Vous le sentez venir, cela n'a pas tenu longtemps. Dès le lendemain, en réunion au siège de l'UMP, "Sarko" a ouvert les vannes :
"C'est une très bonne séquence. Merci à tous [...] Merci à tous ceux qui ont dit que cette victoire, c'est un peu grâce à moi. Si vous le pensez, surtout ne vous en privez pas.
"
Il n'y a qu'à suivre son exemple, après tout.
[BONUS TRACK] Tous des nuls
Au Lab, ces propos de Nicolas Sarkozy nous font un peu penser à ceci :