Nos blogueurs jugent Sarkozy

Publié à 23h10, le 29 janvier 2012 , Modifié à 17h17, le 30 janvier 2012

Nos blogueurs jugent Sarkozy
Nicolas Sarkozy, dimanche soir, à la télévision. (Reuters)

Le Lab a demandé à ses blogueurs de juger brièvement l’intervention télévisée de Nicolas Sarkozy ce dimanche soir : phrase-clé, fond, forme, sentiment général, chances de réélection après cet exercice dominical, Guy Birenbaum, Romain Pigenel, Aurélien Véron, Jegoun, Vogelsong et Delphine Dumont livrent leur verdict.

  1. Sarkozy l'exorciste...

    La ou les phrases à retenir

    "La France se vide de son sang industriel, il faut arrêter cela."

    "J'ai un rendez-vous avec les Français. Je ne me déroberai pas, et franchement... ça approche."

    "Je ne veux pas me confier comme cela."

    Remarque : Les mots "arrogance" et "caniveau" utilisés par le président : les oreilles de François Hollande ont du siffler...

    Sur le fond

    Une heure pendant laquelle on se demande pourquoi il n'a pas fait ce qu'il décide en bout de course, pendant 5 ans.

    Sur la forme

    Un président conforme à ses prestations précédentes et des journalistes qui ne relancent pas assez lorsqu'ils devraient le faire.

    Sentiment général

    Une interview de plus pour rien, parfois confuse, juste pour 'agiter' les médias et occuper le terrain, jusqu'à l'entrée - trop tardive à mon sens - en campagne.

    Chances d'être réélu

    Je ne fais aucun pronostic...

  2. Un jour sans fin

    La phrase à retenir

    Celle où il condamne la "politique de caniveau". J'espère que Nadine Morano et les membres de la "droite populaire" ont bien entendu la recommandation de leur président-candidat. -

    Sur le fond  

    J'ai été frappé par la ressemblance avec les émissions précédentes. C'est le signe d'une présidence qui n'avance pas, avec un président qui réapparaît tous les six mois pour expliquer que tout va mieux, et que ce qui va mal est de la faute des autres. C'est la version politique de Un jour sans fin ! On a le sentiment qu'il pourrait encore faire un ou deux quinquennats sans que cela ne change. -

    Sur la forme

    J'ai été étonné par le décor rouge et or. On se croyait dans une émission de variété des grandes heures de TF1. Dommage que Jean-Pierre Pernaut, intervieweur du dernier #sarkoshow, n'ait pas été retenu cette fois pour compléter le tableau.

    Sentiment général

    On arrive au bout d'une expérience malheureuse pour la démocratie française. Une présidence à bout de souffle qui a épuisé le ressort et la dynamique qui avaient permis son élection, et qui se débat maladroitement pour ne pas sombrer. Plus que jamais un changement rapide est nécessaire. -

    Chances d'être réélu

    10%, qui montent à 20 si Marine Le Pen n'a pas les signatures pour se présenter.

  3. Beaucoup d'humilité

    La phrase à retenir

    "Les efforts que les Français ont fait ont porté leurs fruits." Phrase répétée deux fois (au début et à la fin)

    Sur le fond

    Il y a beaucoup d'humilité dans cette intervention. Sarkozy a reconnu avoir fait des erreurs ("Est ce que j'ai tout réussi ? Non - est ce que j'ai des regrets ? Oui"), avoir le sens du ridicule, etc. Le message est clairement qu'il reconnait ne pas avoir été parfait, mais qu'il a appris. C'est un scud à l'intention de l'inexpérience totale de Hollande.

    Sur la forme

    Beaucoup d'humilité aussi dans la forme. Sarkozy se laisse interrompre par les journalistes, pour les changements d'interlocuteurs, par exemple. François Lenglet a été très bon, posant de vraies questions.

    Sentiment général

    Cette intervention sert probablement de base pour les attaques et arguments de l'UMP pour la pré-campagne de Sarkozy. Les quelques annonces qui y ont été faites avaient déjà fuité dans la presse, afin peut-être d'attirer l'attention sur le Président/candidat et non sur leur seul contenu.

    Ses chances d'être réélu

    Je me garderais bien de donner un pronostic. D'une part, parce que Sarkozy est un incroyable animal politique qui n'est jamais aussi bon que quand il est en danger. D'autre part, parce que Hollande, sur ce point, ne lui arrive pas à la cheville. Enfin, l'indécision des Français ne me semble jamais avoir été aussi grande. Tout peut basculer à la dernière minute, dans l'isoloir.

  4. Le modèle allemand ad nauseam

    La phrase à retenir

    "Etre plus compétitif pour attraper plus de croissance du monde" en plus de la phrase sur "son ridicule".

    Sur le fond

    Le modèle allemand ad nauseam, c'est devenu un automatisme dans tous les discours de l'UMP. Sarkozy n'y a pas dérogé. En reprenant du "modèle allemand" que ce qui l'intéresse. Un bonne entourloupette sur la hausse de 1,6% de la TVA. Personne, je le pense, n'a rien compris à ses digressions sur le rééquilibrage des comptes publics, et sur faits que cela ne fera pas augmenter les prix. Le principal finalement c'est qu'il ait eu l'air d'y croire.

    Sur la forme

    L'inexistence de Claire Chazal. Les autres ont fait le boulot, comme on pouvait s'y attendre. Assez médiocrement. On notera une uniformité globale de pensée des deux "économistes". L'un étant très libéral. L'autre beaucoup. -

    Sentiment général

    Sarkozy s'est rassuré sur sa capacité à enfiler les propositions sans que l'on puisse le contredire. Une force de conviction intacte au service de son ambition. Il n'a qu'un seul registre, il le joue à chaque fois. Faisant mine de prendre de la distance. Mais à l'image de sa présidence, chaque proposition est écoutable, mais dans sa globalité ne veut rien signifier. Une fois il parle de la gauche allemande, par la suite il efface les clivages...

    Ses chances d'être réélu

    Nous sommes en France donc 49,99%

  5. Encore des taxes, toujours des taxes

    La phrase à retenir

    "J'ai beaucoup d'amitié pour Alain Madelin, mais je n'adhère nullement à ses thèses de libéralisme sans frein et sans limites" - c'est dit. Sarkozy est un adepte du dirigisme étatique qui ne respecte que la force de l'Etat et son corollaire, le capitalisme de connivence.

    Sur le fond

    Une mesure intéressante : l'introduction d'une vraie démocratie sociale en entreprise, en l'occurrence sur la question du temps de travail. Il aurait dû mettre en place cette mesure en juin 2007. Encore des taxes, toujours des taxes : plus de CSG sur certains revenus, plus de TVA. La tonte du pouvoir d'achat continue

    Sur la forme

    Plus mou que d'habitude. Ça sent le départ.

    Sentiment général

    Comme à son habitude, Sarkozy noie une ou deux mesures intéressantes dans un fatras de mesures illisibles, confuses, voire contreproductives. Ce jeu de bonneteau fiscal rajoute une couche à l'opacité de notre fiscalité. La réduction des charges sociales reste marginale et n'aura aucun impact sur l'emploi. Sarkozy n'a toujours pas engagé de plan de réduction de la dépense publique, ni de réforme de l'Etat, ni de mesures de libération de la croissance : flexisécurité, ouverture de corporations à la concurrence, réduction des réglementations qui brident le développement des TPE et PME.

    Ses chances de réelection

    Appliquer une politique économique de gauche, et une politique répressive et anti-immigration de droite, c'est 30% de chances d'être au 2e tour, et 10% de l'emporter.

Je n'ai rien retenu...

La phrase

"Je ne vois pas pourquoi". J'ai allumé la télé avec un peu de retard et c'est la première chose que j'ai entendue. J'ai l'impression que ça rythme le discours depuis cinq ans.

Le fond

y'en avait pas. Je n'ai rien retenu...

La forme

Je suis allé laver mes lunettes pour vérifier que cette table était bien au milieu d'un grand espace. Ridicule.

Ses chances d'être réélu

Bah, 10%.

Et vous, quel est votre avis ?

Vous aussi, faites-nous connaître votre jugement sur l'intervention de Nicolas Sarkozy dimanche soir en déposant votre réaction dans l'espace commentaires de cet article.

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