"Où sont-ils les éditorialistes paumés de gloire ?"- Jeudi, Franz-Olivier Giesbert a fait le spectacle sur France 2. Le journaliste, directeur du Point, s'est laissé aller à une leçon de morale politique remarquée.
Très critiqué, FOG a aussi inspiré Guy Birenbaum. Pour l'occasion, notre blogueur reprend et adapte Oceano Nox, le célèbre poème de Victor Hugo. La nuit sur l'océan et les vers de l'auteur deviennent Oceano Fog.
Oceano Fog
Oh ! combien de patrons de presse, combien de journalistes
Qui ont écrit joyeux tant d'éditos fumistes
Dans ce morne dessein se sont étourdis !
Combien ont sombré, dure et triste fortune !
Sans rien de pertinent à balancer à la «une»,
Par l'avide plèbe à jamais engloutis !
Combien de paons détruits avec leur ramage !
L'ouragan de leur mépris a déchaîné toutes les rages
Et d'un souffle, il a tout dispersé sur les plateaux !
Nul ne saura leur fin, dans l'opprobre et la risée.
Chaque téléspectateur en passant d'un morceau s'est lesté ;
L'un a saisi les tifs, d'autres les grelots !
Nul ne prévoyait votre mort, petites cervelles fondues !
Vous erriez dans les coulisses comme des âmes perdues,
Heurtant de vos fronts forts des murs méconnus
Et combien de vos vieux collègues, qui n'avaient plus de sève,
Sont tombés en peinant, chaque jour, à torcher des brèves
À propos de celui qui n'a pas reparu
On se souvient de vous parfois dans des cafés.
Sur ces méchants réseaux, assis sur des fauteuils usés
On cite encore parfois vos mots tristes et pervers
Au pire, on s'inspire du souvenir de vos forfaitures
Des réactions qu'on eut devant vos pâles figures
Tandis que vous gisez dans vos habits verts !
On s'étonne : - Où sont-ils ? Ont-ils perdu toute leurs bile ?
Nous ont-ils quittés pour un sort plus servile ? -
Puis votre image même est ensevelie.
Vos sentences se noient dans l'encre, votre visage se perd sans gloire.
Les années qui de tout homme atténuent l'espoir
De votre funeste sort éloignent vos amis
Bientôt dans les pensées de tous, votre âme s'est perdue
L'un n'a-t-il pas sa marque et l'autre ses vertus ?
Seules, durant ces jours où ne reste que la peur
Vos veuves aux lèvres gonflées, frustrées de vous entendre
Rêvent encore de vous, mais sans jouer les Cassandre
Rien à attendre de leurs coeurs !
Et quand se sont enfin éteintes vos lumières,
Nul ne réclame plus vos leçons, pas même ce pauvre hère
Dans son corridor obscur privé de réflexion
Pas le moindre billet, pas une seule colonne,
Point de survie loin de ceux que de force on abonne
Vous êtes perdu, tant on vous a coupé le son
Où sont-ils, les éditorialistes paumés faute de gloire ?
O sots, que vous avez de tristes mémoires !
Editos longs et emphase à bas coût !
Vous les revoyez jouer les barrés,
Et c'est ce qui leur donne cet air éthéré
Si patent que tous crièrent à FOG "au fou !"