INTERVIEW - Son phrasé est d'abord saccadé, compliqué. Il met de longues secondes à répondre. On a l'impression que l'homme cherche à ne pas prononcer le mot de trop. Olivier Minne a toujours gardé le silence sur sa candidature en tant que suppléant à la primaire socialiste pour les législatives partielles d'Amérique du Nord, révélée par le site French Morning. Pour ne pas donner l'impression d'une "opération de com'". Aujourd'hui, il a perdu cette élection. Et estime qu'il peut revenir, enfin, sur son engagement.
Petit à petit, les phrases se font plus fluides, plus naturelles. Le présentateur de Fort Boyard sur France 2, affirme enfin: oui, c'est un homme de gauche qui nous répond. Il assume. Il est "dans le camp des progressistes, mais pas sectaire". Qu'importent les réactions outrées qu'il a pu recevoir. Les "injures", même, en réaction à l'annonce de sa candidature :
Il y a eu beaucoup de colère. Des mots très durs. Cela m'a troublé. Mais ça doit faire partie du jeu. Et je l'accepte.
Le signe selon lui d'une "crispation" du pays.
S'est-il rêvé à l'Assemblée ? "Non", sans hésitation. Après tout, ce n'était qu'un poste de candidat suppléant, pour une primaire.
Mais tout de même : une nomination de sa candidate dans un ministère ou de nombreux autres événements auraient pu envoyer cet habitué des plateaux télé directement au Palais Bourbon. Olivier Minne a du l'envisager. Et il ne se sentait pas forcément illégitime sur les bancs de l'Assemblée nationale :
Si jamais on avait du en arriver là, approchant gentiment de la cinquantaine, je n'aurais pas trouvé incongru de la remplacer (Gabrielle Durana, la candidate titulaire, NDLR).
Je ne me serais pas senti comme un corps étranger à ce poste.
Aujourd'hui, l'animateur juge volontiers les débuts de François Hollande "pas simples" :
Il y a sans doute des choses à revoir en matière de communication, c'est certain ! C'est l'homme de médias qui parle ! Et puis c'est pas simple parce que la machine à broyer l'emploi ne s'est pas arrêtée.
Forcément, les décisions prises par le gouvernement, quel qu'il soit, ne sont pas toujours sereinement accueillies par la population. Mais j'ai bon espoir. Le président de la République incarne de belles valeurs. Je serais bien le dernier à désavouer le gouvernement en place aujourd'hui.
Et c’est toujours mieux, selon lui, que la politique de Nicolas Sarkozy. Il avait créé, en janvier 2012, la section socialiste de Los Angeles en prévision de la campagne. "Avec des amis", en réaction à "un discours qui divisait", et "on sentait que ça irait crescendo pendant la campagne" :
Un discours qui, sans doute pour des raisons électorales, allait chercher très à la droite de la droite. Tout ça m'a gêné.
Voilà qui est clair. Même pas peur des remontrances de sa direction de France Télévisions: "On n'est pas en dictature !" nous répond-il dans un éclat de rire.