On n'a toujours pas compris pour qui allait voter Ségolène Royal

Publié à 10h30, le 04 avril 2017 , Modifié à 10h30, le 04 avril 2017

On n'a toujours pas compris pour qui allait voter Ségolène Royal
Ségolène Royal. © AFP

MYSTÈRE ET SUSPENSE - De l’art de l’esquive. Pour qui va donc voter Ségolène Royal le 23 avril au premier tour de l’élection présidentielle ? L’ancienne candidate du PS à l’Elysée a longtemps évoqué un éventuel soutien à Emmanuel Macron qui ne s’est jusqu’ici pas concrétisé malgré plusieurs rencontres entre eux. Puis la ministre de l’Environnement a laissé entendre avec amusement qu’elle avait voté pour Benoît Hamon à la primaire de la Belle Alliance Populaire. On est troublés, alors que les socialistes se divisent entre Hamon et Macron.

Car à moins de trois semaines du jour J, invitée ce mardi 4 avril de France Inter, Ségolène Royal a passé quarante-cinq minutes d’interview à s’amuser à laisser planer le doute. "Je comprends que vous me posiez cette question et j’observe que c’est la première fois que l’on pose une telle question aux responsables politiques" a-t-elle commencé par esquiver, estimant que la campagne "est devenue tellement anecdotique que finalement la seule question est de savoir pour qui on va voter" et appelant à ce que "le débat monte d’un cran".

Ok, très bien, Ségolène Royal veut plus de fond. C’est louable. Mais la question reste en suspens, pour qui son cœur balance-t-il ?

Relancée, la ministre explique ensuite qu’elle "n’apporterait pas de plus-value au débat politique" si elle "répondait à cette question parce qu’immédiatement la parole serait réduite à cela". On n’est pas plus avancés. Suspense toujours. Elle poursuit :

"

Ce feuilleton des ralliements… Les Français n’attendent pas des instructions. Je ne veux pas donner ma voix facilement au moment où j’attends encore une exigence intellectuelle de la part des candidats.

"

On stagne. C’est alors qu’un auditeur de France Inter tente de la jouer finaud, demandant à celle qui vise désormais un poste international lequel des prétendants à l’Elysée a le programme le plus écologique. Alors, on pense toucher du doigt une esquisse de réponse quand Ségolène Royal lâche ses premiers noms de l’interview :

"

Je ne vais pas distribuer des notes mais force est de constater qu’au début de cette campagne, le sujet était abordé. Mais il a un peu disparu. Ceux qui ont davantage porté ces valeurs, c’est Hamon et Jean-Luc Mélenchon aussi d’une certaine façon. Mais tout le monde s’y est mis. C’est une idée qui devient universelle.

"

Est-ce à dire, vu qu’elle a fait des questions climatiques sont engagement central, qu’elle penche pour Benoît Hamon ou Jean-Luc Mélenchon ? On tient peut-être une piste.

Dernière tentative. Est alors demandé à Ségolène Royal si elle est en train de "lâcher Benoît Hamon", le candidat de son parti, le Parti socialiste. Une fois encore, la réponse de Ségolène Royal permet toutes les interprétations. "Je l’ai soutenu, je lui ai même donné…" commence-t-elle sans finir sa phrase, assurant dans la foulée que "la problématique" est "le rassemblement des forces de gauche au second tour". Très bien, mais au premier tour ?

Ségolène Royal insiste alors sur le fait que, n’ayant pas été candidate à la primaire, elle "n’a pas pris l’engagement de soutenir le candidat issu de la primaire". Sous-titrage : rien ne l’empêche moralement de voter pour Emmanuel Macron. A-t-on enfin une réponse ? Eh bien non. Car Ségolène Royal enchaîne aussitôt :

"

Mais je suis extrêmement bienveillante avec Benoît Hamon. Je pense qu’il a fait un gros travail, ses propositions sont de qualité et par conséquent je ne lâche absolument pas Benoit Hamon.

"

Elle "ne le lâche pas", donc elle va voter pour l’ancien ministre de l’Education nationale ? Pas si vite. Ce serait trop simple. Ségolène Royal retourne alors encore une fois le cerveau de ceux qui l’écoutent en lançant un message cryptique :

"

En même temps, le vote que je ferai n’a rien à voir avec la dynamique politique qui est celle des uns et des autres.

"

Vous suivez ? Parce que nous, là, l’honnêteté nous oblige à dire qu’on est un peu perdu. Mais rassurons-nous, Ségolène Royal dira "peut-être" avant le premier tour quel nom elle glissera dans l’urne le 23 avril. "J’évaluerai la situation", dit-elle. Il ne lui reste plus beaucoup de temps.

Du rab sur le Lab

PlusPlus