Estrosi fait campagne sur du Coldplay

Publié à 12h49, le 04 juin 2012 , Modifié à 13h28, le 04 juin 2012

Estrosi fait campagne sur du Coldplay
Christian Estrosi à Nice (photo Reuters)

DROITS D’AUTEUR MON AMOUR– Le député maire de Nice, candidat à sa réélection, poste, sur son site internet, une série de cartes postales vidéo de campagne, avec, en fond sonore, le tube Paradise de Coldplay …

  1. "C'est un militant qui s'occupe de la captation des discours"

    Sur vudegaribaldi.wordpress.com

    Christian Estrosi en campagne à Saint-Martin du Var, une petite commune de 2.500 des Alpes-Maritimes.

    Christian Estrosi dans le petit village de Marie, qui compte, lui, 83 âmes.

    Christian Estrosi à Ilonse, bourgade d'un peu plus de 150 habitants.

    Sur sa chaîne dailymotion, Christian Estrosi TV, reprise sur son site officiel de candidat, le député maire UMP de Nice Christian Estrosi, candidat à sa réelection dans la 5è circonscription des Alpes-Maritimes, multiplie les cartes postales vidéos.

    En fait, c’est même un rituel : les réunions de campagne de l'ancien ministre dans les villages de sa circonscription font l’objet d’une captation intégrale – l’image est tremblotante, le son pas très bon, mais le document est là.

    Jusque là, pas de problème.

    Le souci, c’est qu’avant le début des interventions, le spectateur se voit offrir une carte postale du lieu visité par Christian Estrosi : les champs environnants, le clocher du village.

    Et, pour illustrer ces images, une chanson.

    En l’occurrence : le tube Paradise, de Coldplay, qui figurait sur le cinquième album du groupe, comme le relève le blog (militant) "Vu de Garibaldi".

    A Marie, l’utilisation de Paradise dure par exemple 1’40 :

    A Saint-Martin du Var, c’est 1’30:

    Et à Ilonse, 1’20 :

    Contactée par Le Lab, l’équipe de campagne de Christian Estrosi explique qu’il s’agit là d’une "contribution amateur".

    Un membre de l’équipe de campagne de l’ancien ministre explique :

    "C’est un militant qui s’occupe de la captation des discours".

    Celui-ci assure ne pas être particulièrement au courant de l’utilisation de la chanson de Coldplay.

    Pascal Condomitti, le directeur de la campagne de Christian Estrosi, assure de son côté qu'une demande a bien été formulée auprès de la Sacem.

    "Les demandes d'autorisation sont en cours", tient-t-il à faire savoir au Lab, qu'il a appelé quelques minutes après la mise en ligne d'une première version de l'article.

    La Sacem, qui gère les droits d’auteurs, est très claire sur le sujet, dans la "foire aux questions" accessible depuis la page d’accueil de son site internet.

    A la question : "Peut-on utiliser librement de la musique sur Internet ?", voilà ce que l'on peut lire :

    "Lorsqu'une musique est protégée (musique ou chanson contemporaine) sa reproduction et sa diffusion en ligne ne sont possible qu'après autorisation au titre des droits d'auteur.

    La seule exception est celle de l'usage dans le "cercle de famille."

    Et enjoint même :

    "Ne mettez pas sur Internet des musiques protégées.

    Si vous le faisiez, vous priveriez leurs créateurs de leurs moyens de subsistance et mettriez en péril la création future au préjudice même de tous ceux qui aiment la musique !"

    Les productions politiques et le droit d’auteur, c’est un sujet plutôt compliqué.

    Pendant la campagne présidentielle, Eva Joly a connu quelques déboires liés aux droits d’auteurs sur internet – en s'appropriant par exemple un titre du groupe Clara Clara.

    Et, en 2009, le duo américain MGMT avait accusé l'UMP d'avoir utilisé une de ses musiques sans son autorisation lors d'un meeting. Le parti avait versé 30.000 euros au groupe au terme d'un accord à l'amiable.

    Edit, 4 juin, 13h40 : Ajout de la réaction de Pascal Condimitti, le directeur de campagne de Christian Estrosi, qui a appelé Le Lab quelques minutes après la mise en ligne de cet article pour assurer qu'une demande était en cours auprès de la Sacem.

Du rab sur le Lab

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