Il a beau dire que "les frontières ne sont pas le sujet principal de l’élection présidentielle", François Hollande s’est tout de même emparé du thème ce 30 avril, suivi de près par Ségolène Royal.
Nicolas Sarkozy veut "remettre les frontières au centre du débat" ? Réponse en substance de la gauche : bien sûr, les frontières doivent être contrôlées, Sarkozy n’invente rien. Mais il est le seul responsable de leur dérégulation.
Le Lab revient sur l’argumentaire développé par le Parti socialiste depuis le discours de Toulouse.
La faute à Sarkozy
Sur europe1.fr
Nicolas Sarkozy lance le thème, François Hollande tente de l’en déposséder.
En insistant sur l’importance des "frontières", le Président-candidat s’élève tout à la fois contre la mondialisation sans pilote, contre le repli identitaire de certaines "communautés" et contre l’immigration "incontrôlée". Il reprend sans surprise les thèmes qui font sa campagne depuis le premier tour mais leur appose une nouvelle étiquette : "frontières".
Face à cette nouvelle sortie, François Hollande a adopté une réponse en trois temps, testée ce 30 avril sur Europe 1. Quelques minutes plus tard, sur BFM TV, Ségolène Royal déroulait le même argumentaire.
>> D’abord, donner l’impression que Sarkozy n’impose pas les thèmes du débat. Lorsqu’on lui pose la question, le candidat socialiste crie au non-sujet :
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Je ne pense pas que la frontière soit le sujet principal.
">> Néanmoins, et l’air de rien : reprendre rapidement la main. Pas question de passer pour un candidat qui ne saurait pas protéger les intérêts de la France. Du contrôle, il doit y en avoir, ce que dit Sarkozy est une évidence, martèle le PS :
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Qu’il y ait une nécessité de poser des règles, des normes pour que n’entrent pas chez nous des produits qui ne respectent pas précisément les considérations écologiques ou sociales, oui.
Qu’il y ait le souci de maitriser l’immigration, bien sûr.
"Ségolène Royal insiste également sur un besoin de contrôle des frontières, comme si son adversaire de 2007 n’avait pas le monopole de la protection :
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Il faut protéger l’Europe à ses frontières, pas seulement contre l’immigration clandestine mais également contre les importations de produits à bas coût.
Les Français, les Européens attendent effectivement que nous ayons une Europe qui se protège davantage.
">> Rappeler que Nicolas Sarkozy n’a rien fait pour améliorer ce qu’il dénonce. Ces frontières, c’est le "candidat sortant" qui les a laissées dans un piteux état. François Hollande attaque en attribuant à Sarkozy l’acceptation d’une mondialisation incontrôlée :
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Et s’il y a eu une acceptation, c’est parce qu’il y a eu le libre-échange. S’il y a eu une Europe offerte, la levée d’un certain nombre de règles, qui en a décidé ?
Qui est président de la République depuis 5 ans? Qui a présidé le G20? Qui a présidé l’Union européenne? Et sur dix ans, qui a gouverné le pays ?
"Même refrain chez la candidate de 2007 :
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Je suis d’accord pour une Europe qui protège et qui applique ses règles. Sauf que lui est au pouvoir depuis cinq ans. Pourquoi ne l’a-t-il pas fait depuis cinq ans ?
">> Se réaffirmer sur l’immigration. Pour terminer, François Hollande aborde de lui-même la question de l’immigration, sujet à propos duquel l’UMP l’a souvent accusé – à tort – de vouloir régulariser "tous les sans-papiers" et de vouloir faire exploser les chiffres de l’immigration légale.
Le candidat socialiste profite de ce thème des "frontières" pour opérer une pirouette jusque là très appréciée au Front national mais encore peu osée à gauche : si l’immigration a augmenté, c’est à cause de Nicolas Sarkozy. Et une fois élu, le PS se montrera plus drastique :
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L’immigration illégale, il y en a toujours trop, elle n’est pas acceptable. Nous devons lutter beaucoup plus efficacement contre elle que ça n’a été fait.
Et l’immigration légale : il y a depuis dix ans 200 000 étrangers qui rentrent sur notre territoire. Ca fait 10 ans que ça dure ! (…)
Pour l’immigration économique, Nicolas Sarkozy voulait qu’il y en ait 100 000 – 100 000 vous m’entendez ! - dans la campagne de 2007, c’était l’immigration choisie. (…) Aujourd’hui dans une période de crise, l’immigration économique doit être réduite.
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