Les campagnes électorales du FN restent dans le viseur de la justice. Le 22 novembre, une nouvelle enquête judiciaire sur des soupçons d’escroquerie lors des campagnes du parti frontiste a été ouverte et confiée à des juges d’instructions . Interrogé sur ce nouveau rebondissement ce jeudi 24 novembre sur Franceinfo: , Florian Philippot a répété une intox déjà lancée par Marine Le Pen en juin 2016. Le vice-président du FN répond ainsi :
"La justice s’est occupée des campagnes législatives de 2012 et considérant que le système de financement n’était peut-être pas légal, elle continue sur le même raisonnement sur les campagnes suivantes. Le seul problème, c’est que toutes ces campagnes ont été systématiquement validées par des magistrats de la commission nationale des comptes de campagne et du financement de la vie politique française.
"
Et d’insister, après avoir dénoncé une "petite instrumentalisation" et une potentielle "manipulation judiciaire derrière tout ça", "à un moment où Marine Le Pen fait trembler les candidats à la primaire" :
"Tout a été normal et validé par la commission nationale des comptes de campagne, non pas une fois, deux fois mais cinq ou six fois depuis 2012. Les comptes validés, remboursés…
"
Sauf que l’affirmation de l’eurodéputé FN est fausse. Comme celle de Marine Le Pen en juin quand elle assurait également sur France 3 que "la Commission nationale des comptes de campagne a validé l'intégralité des comptes de l'intégralité de nos candidats dans les quatre dernières campagnes". Ce que souligne le journaliste de Libération en charge du FN Dominique Albertini :
... ont été déduites des remboursements versés au FN, en raison d'une «surévaluation significative» de certaines dépenses.
— Dominique Albertini (@dom_albertini) 24 novembre 2016
Pour répondre à cette contre-vérité, le président de la commission nationale des comptes de campagne, François Logerot, avait écrit à la candidate frontiste à la présidentielle pour rétablir la réalité des choses . Il souhaitait, dans ce courrier relayé alors par l’AFP, "apporter des précisions" car "les personnes qui ont écouté vos propos sont en droit de penser que la totalité de ces comptes ont été purement et simplement approuvés". Ce qui est donc inexact.
Il poursuivait en reprenant chaque élection et pointait les comptes rejetés et les comptes "réformés" par la commission, c'est-à-dire ceux qui ont dû être retouchés.
>> Pour les municipales de 2014 : dix comptes rejetés, un compte non déposé, et 95% des 533 autres comptes "réformés" pour un montant de 231.978 euros.
>> Pour les élections européennes de 2014 : huit comptes réformés pour 117.975 euros. Pour les sénatoriales de 2014: 14 comptes réformés sur 58 pour 2.295 euros.
>> Pour les départementales de 2015 : 19 comptes rejetés et 1.850 comptes réformés, soit "97% de l'ensemble et portant sur les dépenses de publications, les intérêts des prêts et les honoraires d'expert-comptable". Le montant atteint 1.220.784 euros. La CNCCFP signalait "un recours contentieux pendant devant le tribunal administratif de Paris".
"En raison de la publicité de vos propos sur un média de large audience nationale, vous comprendrez que je tienne la presse informée de la présente communication", écrivait encore François Logerot pour justifier son inhabituelle missive.