Poignant vs Belkacem, ou le grand écart sur la PMA

Publié à 16h24, le 25 octobre 2012 , Modifié à 16h35, le 25 octobre 2012

Poignant vs Belkacem, ou le grand écart sur la PMA
Bernard Poignant et Najat Vallaud-Belkacem (montage via Maxppp)

D'un côté Bernard Poignant, conseiller de François Hollande. De l'autre Najat Vallaud-Belkacem, porte-parole du gouvernement. A eux deux, ils incarnent toute la difficulté de la majorité à trancher sur la question de la procréation médicalement assistée (PMA) pour les couples de femmes.

La situation : le projet de loi sur le mariage pour tous ne s'intéresse pas à la PMA, des députés socialistes veulent déposer un amendement pour y remedier et le gouvernement n'a pas encore clairement pris position.

> A deux jours d'intervalle, les propos du conseiller et de la porte-parole s'opposent. Ce 25 octobre dans Paris Match, Bernard Poignant estime que le gouvernement "a tranché" sur la question et lui conseille de ne pas faire machine arrière. Pas question d'autoriser les couples de femmes à avoir recours à la PMA dans le projet de loi, pas question donc de soutenir l'amendement en ce sens des députés socialistes.

Le gouvernement a tranché, il faut rester sur cette position.

Et explique sa logique :

Si vous autorisez la PMA pour les couples de femmes, vous devez également autoriser la gestation par autrui (GPA) pour les couples d'hommes, sinon vous établissez une égalité entre hommes et femmes

Cette position de Bernard Poignant n'est pas étonnante puisqu'il a déjà émis de fortes réserves sur l'adoption par des couples homosexuels :

Chaque enfant adopté peut être élevé par deux pères ou deux mères, mais il ne peut en être issu.

Dans l'entourage de François Hollande, Bernard Poignant fait partie de ceux qu'on écoute. Ce conseiller officiel (mais sans contrat de cabinet) met en relation "des élus, des personnalités" avec le chef de l'Etat et "organise des déjeuners". Bref, l'anti-PMA de Bernard Poignant compte.

> A l'inverse, le 23 octobre sur Radio Classique, Najat Vallaud-Belkacem s'est montrée beaucoup plus ouverte à l'amendement socialiste, faisant comprendre que s'il était déposé à l'Assemblée, le gouvernement ne s'y opposerait pas :

Pour ce qui me concerne, très franchement, je pense que nous adopterons une disposition comme celle-là, qu’elle viendra dans le débat parlementaire sur l’ouverture du mariage pour tous et que, si elle vient dans le débat parlementaire, sans doute sera-t-elle adoptée. (...)

A titre personnel, elle est également favorable au dispositif et affirme qu'il n'y a pas "de problème sur le principe de l'ouverture de la PMA à des couples de femmes" :

Je suis très pragmatique, les couples de femmes recourent déjà à la PMA mais à l’étranger.Il y a celles qui ont le moyen de le faire et les autres. Et même pour celles qui ont les moyens, elles reviennent et elles sont dans une insécurité juridique. Est-ce une bonne chose de laisser ce type de situation subsister ? Je ne pense pas.

Difficile, donc, de trouver des similitudes entre l'homme d'influence et celle qui est supposée porter la voix du gouvernement.

> Qu'en dit alors le Premier ministre ? Il plaide pour intégrer la PMA à un texte complémentaire comme la loi bioéthique. Mais ne ferme pas non plus complètement la porte à un amendement parlementaire. Illustration sur France Inter le 24 octobre :

Dans le débat parlementaire, il est possible qu'il y ait des amendements présentés pour l'aide à la PMA. Le gouvernement sera attentif aux propositions des parlementaires.

La position du gouvernement c'est son projet de loi. Après il écoutera les parlementaires.

Toutes ces questions qui concernent la parentalité, la famille, les questions d'accouchement sous X, le droit des tiers, … la position du gouvernement c'est que ces questions devraient être renvoyés à une loi "famille", et pas au détour d'un texte.

> Le projet de loi sur le mariage pour tous sera examiné le 31 octobre en conseil des ministres mais le débat à l'Assemblée n'aura lieu qu'au "premier trimestre 2013". Un délai utile au gouvernement pour trancher définitivement.

Du rab sur le Lab

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