DEBAT - Bernard Poignant, maire de Quimper et "chargé de mission"à l’Elysée, a publié, en 2010, sur son blog, un point de vue où il explique son opposition à l’homoparentalité. Et prend en exemple la polygamie pour le justifier.
Contacté par le Lab, ce proche du chef de l’Etat confirme ses positions.
"Maman, papa, bébé"
Alors que le gouvernement va présenter le 31 octobre en conseil des ministres son projet de loi en faveur du "mariage pour tous", le 12 décembre 2010, Bernard Poignant, maire de Quimper, se fendait d’une "lettre" sur son blog où il exposait sa position face à l’homoparentalité.
Dans ce texte intitulé "maman, papa, bébé", "un point de vue personnel", minimise-t-il, ce proche de François Hollande et chargé de mission à l'Elysée écrit d’emblée, prenant la polygamie en exemple pour justifier son opposition :
Le dernier dossier le plus délicat concerne l'homoparentalité. Aujourd'hui chacun vit en couple comme il l'entend. Même la polygamie est présente bien que la loi l'interdise. Et il existerait de 50 000 à 150 000 enfants vivant en France dans des familles polygames sans que personne n'exige une loi pour légaliser ce type d'alliance.
Contacté par le Lab, Bernard Poignant revendique et détaille aujourd’hui sa pensée et explique cette comparaison :
La France a eu un président bigame pendant 14 ans. Mais doit-on mettre dans le droit tout ce qui se passe dans la société ? Il ne faut pas prendre ces questions sous l’angle moral.
A propos du mariage, Bernard Poignant ne se prononce pas frontalement contre l’idée de l’ouvrir aux couples homosexuels. En 2010, il écrivait ainsi :
Celles et ceux qui le veulent peuvent transformer leur couple en un contrat, par mariage s'il s'agit de personnes de sexe différent, par un pacte civil de solidarité quel que soit le sexe des contractants.
Pour Bernard Poignant, "seul le mariage présuppose une filiation biologique". Une position qu’il tient toujours :
On peut marier des gens de sexe identique. Mais il y a déjà le PACS. Ca ne change rien. Le problème, ce n’est pas le mariage, qui n’est qu’un contrat et n’a rien à voir avec l’amour.
Le problème, c’est l’adoption. Quand le sujet sera débattu, le problème sera l’enfant.
Ainsi écrivait-il sur son blog :
Un enfant doit toujours savoir qu'il a ou a eu un père et une mère. Il faut distinguer la pratique sexuelle du fait de l'adoption. (…) Dans un couple d'homosexuels, seule une des personnes peut adopter car l'enfant doit savoir qu'il ne vient pas de deux pères ou de deux mères.
Et de conclure sa lettre, lui qui souhaite aujourd’hui que "le gouvernement lève la discipline de groupe" lors de la discussion du texte au Parlement :
Dans tous les cas de figure, c'est de l'enfant dont il faut partir. Le modernisme ne consiste pas à épouser l'égoïsme du présent, mais à se préoccuper des intérêts de notre descendance.