Politique familiale : de l'impossibilité de parler avant le Premier ministre

Publié à 09h06, le 03 juin 2013 , Modifié à 09h23, le 03 juin 2013

Politique familiale : de l'impossibilité de parler avant le Premier ministre
Arnaud Montebourg sur BFMTV, Pierre Moscovici sur France Info et Michel Sapin sur LCI (montage Le Lab)

Je suis là mais je ne peux rien dire. Ce lundi, un sujet domine l'actualité : quel est le plan du gouvernement pour réformer la politique familiale ? La décision a été tranchée mais, ce 3 juin dans les matinales, rien ne doit filtrer de la part des ministres.

Deux options prédominent : rogner sur les allocations familiales ou modifier le plafond du quotient familial. La seconde option devrait être celle annoncée. Problème : la primeur de l'annonce revient au Premier ministre qui doit s'exprimer en fin de matinée devant le Haut conseil à la famille. En attendant, c'est motus et bouche cousue au gouvernement. Sur les ondes radios, les ministres doivent meubler lorsqu'on leur pose la question des allocs. Petit exercice de com'.

Pour Michel Sapin sur LCI, l'astuce est de rappeler les "grands principes" déjà énoncés par ses supérieurs :

Je n’ai pas à exprimer une préférence si ce n’est une préférence de principes  déjà énoncés par le Premier ministre et le président de la République.

Le premier est que lorsqu'il y a un déficit dans un régime social, il faut lutter contre. Si on veut sauver une bonne politique familiale, il faut la réformer.

Et le deuxième principe est celui de la justice, il vaut mieux que ces économies touchent les plus aisés.  

Quant à la méthode utilisée, le ministre du Travail ne voit rien, ne sait rien, n'entend rien :

Vous ne connaissez pas les chiffres, moins non plus. Je ne sais pas si ce sera le quotient familial, vous n’aurez pas plus de réponse de ma part !

Sur France Info, Pierre Moscovici choisit la rapidité : il n'a rien le droit de dire, et c'est comme ça.

Je suis vraiment désolé, je voudrais qu’on gagne du temps : toute décision publique est précédée d’un processus. Le diagnostic a été confié à une personnalité incontestable, Monsieur Fragonard, puis il y a eu une phase de concertation dans le cadre du Haut conseil de la famille et puis ce sera en fin de matinée que le Premier ministre annoncera les décisions et ce sera son arbitrage qui fera foi.

Au final, le plus aventureux est, sans surprise, Arnaud Montebourg. S'il ne dit rien sur l'arbitrage, le ministre chargé du Redressement productif énonce clairement sa préférence. Des propos qui ressemblent très fortement à une piste de réforme  :

Je vais vous donner une analyse, un constat qu’on peut partager : vous avez des femmes seules, qui élèvent seules un enfant. Elles ont un seul enfant, elles n’ont pas d’allocation familiale, elles se débrouillent toutes seules.

Et puis vous avez des familles aisées, qui ont des bons salaires, qui payent de bonnes études à leurs enfants, qui ont des allocations.

Est-ce que vous croyez que c’est juste ? Ne peut-on pas trouver une formule plus juste ?

Après ces propos, Jean-Jacques Bourdin fait les sous-titres : le gouvernement opterait pour un abaissement du plafond du quotient familial et, parallèlement, pour davantage d'allocations pour les ménages modestes ayant un seul enfant. "C'est la piste, je ne me trompe pas ?", lance-t-il. Mais Arnaud Montebourg ne lâche plus rien :

Je n’ai pas de décision à vous annoncer. (...) Je ne suis pas là pour vous faire des annonces sur un dossier qui ne me concerne qu’indirectement.

Du rab sur le Lab

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