Double actualité pour Gérard Collomb : la nouvelle loi antiterroriste, qui transcrit dans le droit commun des dispositions de l'état d'urgence, a été publiquement signée lundi 30 octobre par Emmanuel Macron et entre en application ce mardi, tandis que l'état d'urgence, en vigueur depuis la nuit du 13 novembre 2015, prend fin mercredi. Depuis des semaines, le ministre de l'Intérieur vante un texte indispensable pour "s'adapter à l'évolution de la menace" terroriste qui pèse sur le pays. Mais il en convient : ces énièmes dispositions législatives en matière sécuritaire ne sont pas une garantie absolue, "le risque zéro" n'existant pas.
Sur RTL ce mardi, le premier flic de France explique donc que si des attentats similaires à ceux des années 2015-2016 se produisaient à nouveau sur le sol français, l'exécutif pourrait de nouveau recourir à l'état d'urgence. Mais il tient aussi à dire que la situation a évolué depuis les attaques de Charlie Hebdo, de l'Hyper Casher, du Bataclan et des terrasses de bar parisiens, indiquant que le "niveau de menace" a baissé. Une première depuis de longs mois, les Français ayant plutôt été habitués aux propos inverses de Manuel Valls ou encore Bernard Cazeneuve.
Voici son échange avec l'intervieweuse de RTL :
"- Élisabeth Martichoux : S'il y avait une nouvelle série d'attentats, est-ce qu'il faudrait recourir à nouveau à l'état d'urgence pour être plus efficace ?
- Gérard Collomb : Si effectivement il y avait demain des attentats qui soient de la même nature que ceux qu'on a connus il y a quelques années, évidemment qu'on pourrait peut-être reprendre des mesures. Je vous rappelle qu'à l'époque, nous étions par exemple sur les perquisitions...
- Élisabeth Martichoux : Bernard Cazeneuve dit que ce serait inutile, tout est dans la loi maintenant, la loi d'exception est dans la loi ordinaire...
- Gérard Collomb : Nous avions pris des mesures... enfin ils avaient pris à l'époque des mesures de perquisitions [administratives] qui étaient de l'ordre de près de 5.000, alors qu'aujourd'hui les perquisitions que nous faisons, c'est quelques dizaines. Donc on voit que nous ne sommes plus, heureusement, dans le même état qu'à l'époque, dans le même état de menace. Mais nul ne peut dire ce qui se passera demain et le risque zéro n'existe pas.
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"Nous ne sommes plus dans le même état de menace", dit donc Gérard Collomb. Et si le ministre de l'Intérieur reste prudent et met en garde contre la survenue éventuelle de nouvelles attaques terroristes, il s'agit tout de même là d'une évolution très sensible de son discours à ce sujet.
Le 25 septembre à l'Assemblée nationale, lors de son discours de présentation du projet de loi renforçant la sécurité intérieure et la lutte contre le terrorisme, il disait ainsi :
"Parce que même si Daesh a reculé sur le terrain, même si l’organisation terroriste a perdu de sa capacité de préparer, à partir des territoires et des ressources qu’elle contrôlait en Irak et en Syrie, des attentats ciblés contre les différents pays européens et d’abord contre le nôtre, la menace n’en reste pas moins élevée. [...] La menace n’est plus de même nature, mais elle reste terriblement prégnante.
"
Il vantait encore "un texte qui, adaptant notre droit commun, apporte une réponse durable à une menace devenue durable".
Le même jour dans une interview à 20 minutes puis le 29 septembre auprès de Nice-Matin, il disait, au sujet de cette menace : "Elle reste élevée." Il usait de mots encore plus forts le 6 juillet, lors de la dernière prorogation de l'état d'urgence par l'Assemblée nationale :
"La menace terroriste demeure à un niveau extrêmement élevé. [...] La menace s'établit donc à un haut niveau ; je le constate tous les jours comme ministre de l'intérieur. C'est pour cette raison que nous proposons, aujourd'hui, la prorogation de l'état d'urgence.
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