Pour Jacques Julliard, la France se trouve dans une situation "préfasciste"

Publié à 16h29, le 04 mars 2013 , Modifié à 16h46, le 04 mars 2013

Pour Jacques Julliard, la France se trouve dans une situation "préfasciste"
Jacques Julliard, le 20 octobre 2006 (maxppp).

Il commence sa tribune par appeler à “ne pas abuser des grands mots”, mais Jacques Julliard n’hésite pas à en employer. L’essayiste, et spécialiste de la gauche, frappe fort dans Marianne daté du 2 mars 2013. Dans une tribune de deux pages, il commence par dresser les symptômes de la crise :

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La peur du monde extérieur, la défiance envers l’avenir, la tentation du repli, la hantise du déclin et le sentiment de l’humilitation... La plupart des ingrédients présents dans l’Italie puis l’Allemagne des années 20 rôdent autour de nous. Il ne leur manque qu'un catalyseur.

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Facteur aggravant: la deconnexion entre les élites françaises et le peuple. Selon Jacques Julliard, l’opposition des députés à l’interdiction du non-cumul des mandats en est le signe :

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Le pouvoir peut bien changer de mains, voyager de gauche à droite et de droite à gauche, il faut qu’ils restent à l’intérieur du club ! Voilà ce que les gens ordinaires perçoivent très bien, au point que le clivage entre les élites et le peuple a fini par l’emporter sur l’opposition classique entre la gauche et la droite.

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Les diatribes anti-capitalistes de Marine Le Pen ? Un positionnement “gauchiste” qui n’est pas sans points communs avec celui de Jean-Luc Mélenchon. Gauche, droite, même combat, et le populisme au bout du couloir...

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C’est précisément lorsque les thèses de l’extrême gauche ne se distinguent plus de celles de l’extrême droite que le populisme - cette caricature fascisante de la démocratie - commence à poindre.

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Ce spécialiste de l’histoire des gauches estime en tout cas que le salut ne viendra pas de la gauche actuelle :

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La gauche n’est plus un talisman. C’est un berlingot que l’on suce à longueur de journée [...] La gauche est incapable de proposer un débouché et une solution à l’anticapitalisme populaire et à la dissolution de tous les liens sociaux au profit d’une sociabilité virtuelle de synthèse (les “amis” que l’on se fait sur Facebook...)

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Mais, surprise, Jacques Julliard ne tient pas François Hollande pour responsable :

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Engagé dans une voie sacrificielle qui donne la priorité au redressement national par rapport à la satisfaction des besoins sociaux les plus urgents, François Hollande a droit à notre considération, et même, au cas par cas, à notre appui.

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Seule solution selon lui ?

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Un rassemblement populaire propre à surmonter le jeu tranquille des formations politiques antagonistes et impuissantes.

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Dit plus simplement: l’union sacrée.

Du rab sur le Lab

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