ÇA FAIT PLAISIR - Figurez-vous que Manuel Valls s'est bien rendu compte qu'il se passait deux-trois choses place de la République à Paris et un peu partout en France. Et contre toute attente, il trouve même une raison de s'en réjouir.
À l'inverse de Jean-Christophe Cambadélis ou de la secrétaire d'État Axelle Lemaire, le Premier ministre n'est pas allé faire un tour, incognito ou pas, du côté de Nuit Debout (du moins, pas que l'on sache). Mais cela ne l'empêche pas d'analyser les tenants et aboutissants du mouvement.
Et l'un des enseignements qu'il faut tirer de cette contestation est, selon Manuel Valls, la disparition de la "gauche contestataire en France". Selon des propos rapportés par Le Canard Enchaîné mercredi 13 avril, le chef du gouvernement a ainsi expliqué en privé, au sujet de Nuit Debout :
"C'est la Sorbonne après 68. Certes, Nuit Debout critique le PS et le gouvernement, mais aussi la gauche de la gauche. Ni le PC, ni Mélenchon ni les écolos ne trouvent grâce à leurs yeux. Que la frange radicale de la population veuille s'exprimer, c'est normal. Mais s'il y avait une gauche contestataire, forte, crédible, légitime, il n'y aurait pas autant de monde place de la République.
"
En clair : si les partis à la gauche du PS et opposés au gouvernement avaient un peu de vigueur, ceux qui occupent "Répu" seraient encartés chez eux plutôt que dans la rue. Mais comme ils sont dehors à imaginer un monde nouveau, c'est donc que la "gauche contestataire" (organisée en partis, s'entend) est aux abonnés absents. CQFD. Et un argument de plus pour lui, qui clame à tout va qu'il "n'y a pas d'alternative à gauche" en vue de 2017, et que François Hollande est donc le plus légitime à sa propre succession.
Il est vrai que le désir de changement du système et de la politique qui s'exprime à travers Nuit Debout relaie entre autres la volonté d'agir en dehors des partis politiques traditionnels, par le biais citoyen. Mais des militants et sympathisants des partis que Manuel Valls vise ainsi participent aussi au mouvement, sans parler de certains de leurs cadres...
[Edit 21h20]
Manuel Valls se fait beaucoup plus sobre officiellement, dans les colonnes de Libération mercredi 13 avril. Interrogé sur Nuit Debout, il dit :
"Il ne faut pas se plaindre de voir des jeunes se réunir, agir et rêver de collectif. C’est le signe que la société française a un souffle.Mon rôle est de faire que ces énergies soient associées à un travail collectif pour que cet élan soit constructif pour tout le monde […]. Quand toute la société se questionne sur son avenir, la jeunesse s’interroge aussi.
"