Pour qui voteraient les étrangers ?

Publié à 07h57, le 08 décembre 2011 , Modifié à 09h45, le 08 décembre 2011

Pour qui voteraient les étrangers ?
Un électeur glisse son bulletin dans l'urne, le 20 mars 2010. (Maxppp)

Le Sénat examine jeudi une proposition de loi sur le vote des étrangers hors Union européenne aux élections locales. La droite accuse la gauche, désormais majoritaire au palais du Luxemblourg, de cynisme en voulant se créer un matelas de voix supplémentaire grâce au vote des étrangers. Pour qui voteraient ces derniers s'ils en avaient le droit ? Le Lab mène l'enquête. 

  1. Le vote des étrangers examiné aujourd'hui au Sénat

    Sur Europe 1

    Le texte examiné jeudi et vendredi  a avant tout  valeur symbolique : même si elle est votée, la loi ne sera pas adoptée puisque la droite est toujours majoritaire à l'Assemblée Nationale. 

    La proposition de loi comprend deux articles : 

    • Un qui prévoit d'accorder le droit de vote aux élections municipales aux étrangers hors UE. 
    • Un qui prévoit leur égibilité comme conseiller municipal. Mais ce droit ne permet pas l'élection au poste de maire ni de participer comme grand électeur aux scrutin sénatorial.

    Au 31 décembre 2010, environ 2,2 millions d'étrangers majeurs non communautaires étaient établis en France, dont 1,8 million depuis plus de 5 ans, selon le Sénat. 

  2. Gauche/droite : les arguments de chacun

    Gauche, droite et extrême droite s'affrontent sur la question du droit de vote des étrangers. Retrouvez ici les arguments de chacun. 

    • L’objectif affiché du PS aujourd’hui est de favoriser l’intégration des étrangers vivant en France. François Rebsamen, sénateur PS, synthétise les arguments de son camp.
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    C’est une question de justice. Nous voulons rendre leur dignité aux étrangers non communautaires qui vivent avec nous à travers le droit de vote.

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    Nous refusons qu'il y ait des possibilités de clivage et de tensions supplémentaires. Le texte qui est proposé ouvre cette perspective. La nationalité va avec la citoyenneté. On vote parce qu'on est citoyen et on est citoyen parce qu'on est Français.

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    Il ne saurait y avoir une citoyenneté locale et une citoyenneté nationale. C'est une élucabration idéologique de la gauche.

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  3. L'immigré-type n'existe pas

    Sur Lemonde.fr

    Vincent Tiberj, chercheur à Sciences Po, interviewé par Le Monde, rappelle à juste titre que le mot immigration cache une multitude de situations individuelles. Il distingue cependant deux tendances majoritaires : 

    • Les immigrés du Vietnam, du Laos, du Cambodge et des ex-dictatures communistes "se déclarent plus à droite que les Français sans ascendance étrangère. Cela est dû au traumatisme dans leur pays avec les dictatures communistes." 
    • Les immigrés du Maghreb ou d'Afrique "se situent majoritairement à gauche. Cela s'explique par l'experience partagée de la discrimination." 
  4. Il n'y aurait pas de raz-de-marée à gauche, mais...

    Sur Le Monde

    Vincent Tiberj, dont nous parlions plus haut, a aussi estimé dans son interview au Monde  qu'accorder le droit de vote aux étrangers ne boulverserait pas le paysage électoral. "Il y très peu de ville où la droite est majoritaire et où la population immigrée est importante", a estimé le spécialiste. 

    Le Lab va plus loin. Les étrangers en France réprésentent près de 8% de la population, selon les chiffres du recensement de 2008 . Le département de la Seine-Saint-Denis (93) est un de ceux qui accueillent le plus de population étrangère, avec environ 26% d'immigrés sur son territoire , selon les mêmes chiffres.

    Selon nos recherches, les villes du 93 où la part d'immigration est le plus élevée ont toutes voté à gauche aux municipales de 2008.

  5. Opinion : la gauche se fait des illusions

    Sur Atlantico

    Christophe Guilluy, chercheur interviewé par Atlantico est du même avis que Nicolas Sarkozy, qui a déclaré mercredi : "la gauche cherche le vote communautaire parce qu'elle a du mal a avoir un vote populaire". 

    Et c'est un bien mauvais calcul, estime le chercheur.

    EXTRAIT

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    L’idée que 'parce que je suis d’origine étrangère ou issu d’une minorité, je vais voter à gauche' correspond à une perception complètement tronquée de la réalité. Rien ne dit que cet électorat votera pour la gauche. Il s’agit d’un calcul dangereux et en tout cas ce n’est pas la clé de la victoire de la gauche pour les prochaines élections présidentielles.

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