ÇA, C'EST DE VOTRE FAUTE - Stéphane Le Foll a un message pour la CGT : si ça continue comme ça, avec les blocages et compagnie contre la loi Travail, ça n'ira pas mieux bien longtemps dans le pays. Le porte-parole du gouvernement estime ainsi, mercredi 25 mai, que si le mouvement social se poursuit, les syndicats seront responsables du retour de la hausse du chômage.
Le nombre de demandeurs d'emploi était effectivement en baisse au mois de mars : - 60.000 en catégorie A, soit les meilleurs chiffres depuis 10 ans. Ceux du mois d'avril sont attendus ce mercredi. Sur France Info, Stéphane Le Foll joue l'optimisme teinté de prudence : "J'espère que les chiffres continueront à aller dans le bon sens." Et précise aussitôt qu'il ne "connaît" pas les chiffres à venir.
En attendant, il embraye immédiatement sur cette grosse menace tout en sous-entendu en direction de la CGT :
"Et en même temps, je vais vous dire une chose : si ça va mieux en termes de croissance, de la capacité que l'on a à créer de l'emploi, la responsabilité de bloquer un pays et donc de remettre en cause la croissance qui est en cours et donc les créations d'emplois qu'on peut espérer derrière [...], chacun mesurera la responsabilité qui est la sienne. On est en phase de reprise, cette croissance est encore à consolider, mais elle est là. Ça doit permettre de créer de l'emploi et créer de l'emploi, c'est répondre à une attente majeure de beaucoup de Français.
"
Stéphane Le Foll explique donc qu'en cette période où tout ne va certes pas "bien" mais "mieux" et c'est déjà pas mal, il faudrait voir à ne pas tout foutre par terre par manque de "responsabilité". Pour paraphraser le ministre de l'Agriculture à la manière de Manuel Valls, on peut résumer sa pensée ainsi : "Le retour de la hausse du chômage, ce sera vous !"
Tout le gouvernement est d'ailleurs sur la même longueur d'ondes à ce sujet, avec tout de même une certaine gradation dans les attaques contre la CGT. Là où Stéphane Le Foll invite le syndicat à la "responsabilité", Manuel Valls les avait traités la veille de has-been, affirmant : "L'idée d'un conflit frontal, c'est vieux, c'est ancien, c'est conservateur." Le Premier ministre ajoutait, façon "this is not a method", que tout cela n'était "pas démocratique".
Mais le plus virulent reste Jean-Marie Le Guen. Ce mercredi sur RTL, le secrétaire d'État aux Relations avec le Parlement, porte-flingue de la social-démocratie révoltée par les gauchistes de tout poil, a dénoncé "l'inflammation gauchisante" de la CGT. Et attaqué de plus belle :
"Il y a des gens qui se trompent. Ils ne comprennent pas le monde dans lequel ils sont. C'est fini l'époque où, avec un roulement d'épaules, quelques militants radicalisés de la CGT pouvaient bloquer un pays. Ça ne fonctionne plus comme ça dans cette démocratie.
"
On notera au passage que ce discours de Stéphane Le Foll est très semblable à celui de... Xavier Bertrand. Sur Europe 1 ce mercredi, le président LR de la région Hauts-de-France a expliqué :
"Je ne veux pas qu'on laisse casser la timide reprise économique par l'action de quelques jusqu'au-boutistes qui sont en train de nous planter la reprise économique.
"
[BONUS TRACK] Hollande 2017, c'est oui
François Hollande s'en défend, mais il semble bien que le chef de l'État soit entré en campagne pour sa réélection en 2017. Et son très grand ami Stéphane Le Foll le confirme à demi-mots ce mercredi. Il le fait dans un échange avec le journaliste de France Info Guy Birenbaum sur le retour surprise, à un an de la présidentielle, du droit de vote des étrangers dans les propositions du PS, alors que François Hollande a enterré cette promesse qui figurait dans ses 60 engagements de 2012. Faisant savoir qu'il n'est *pas franchement* chaud pour cette mesure, il dit :
"- Stéphane Le Foll : Alors je n'ai pas vu ce document mais je vous fais confiance. Alors après, c'est toujours la même, oui c'est vrai, la même histoire sur le droit de vote des étrangers. Qui ? Comment on peut faire ? C'est une réforme constitutionnelle. Pour faire une réforme constitutionnelle, on l'a vu avec la réforme [sur la déchéance de nationalité]... Ou on le fait tout de suite en début de quinquennat et encore, ou vous passez par le Congrès, ou vous passez par un référendum. Et le vrai problème du référendum, c'est que chaque question qui est posée engage une réponse qui n'est jamais en lien direct avec la question. [...] C'est un document du Parti socialiste, je respecte le document du Parti socialiste. J'avais eu l'occasion de m'exprimer pendant la campagne précédente sur ce sujet.
- Guy Birenbaum : Mais sur la suivante ?
- Stéphane Le Foll : Alors là, moi je vais pas vous dire quelle va être la suivante et qu'est-ce qu'il y aura dans la suivante, je peux pas...
"
On comprend ainsi qu'il y aura bien une nouvelle campagne de François Hollande dans les mois qui viennent. En tout cas, cette éventualité n'est pas démentie par Stephane le Foll.
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