BATHO VS MONTEBOURG - Pourquoi faire sauter le fusible Batho au premier "couac" quand d'autres ministres, comme Arnaud Montebourg, sont connus pour leur grande liberté de parole ? C'est la question posée à Najat Vallaud-Belkacem le 2 juillet dans Soir 3. La porte-parole du gouvernement va ainsi théoriser ce qui entraine limogeage et ce qui ne l'entraine pas.
Arnaud Montebourg, d'abord, puisqu'il est le plus véhément à l'égard du gouvernement, et notamment vis-à-vis du Premier ministre :
"Arnaud Montebourg n’a jamais contesté publiquement un arbitrage rendu par le Premier ministre.
On l’a entendu s’exprimer avant qu’un arbitrage soit rendu, c’est vrai. On l'a entendu peser dans un sens plutôt que dans l’autre, comme on entend d’autres ministres.
"
Crier avant est donc autorisé, pas après.
Delphine Batho, elle, a remis en cause une décision déjà prise par Jean-Marc Ayrault, contestant ainsi directement son autorité. Voilà comme l'explique Najat Vallaud-Belkacem :
"L’ancienne ministre en charge de l’Ecologie avait la possibilité de faire entendre sa demande d’arbitrage auprès du Premier ministre (si elle n’avait pas pu s’entendre avec le ministre du Budget, ndlr).
Ce qu’elle a fait est différent. Elle a contesté publiquement après arbitrage du Premier ministre le budget en tant que tel et vous entendez bien qu'aux yeux des Français, on ne peut pas se permettre ce genre de chose. Ils attendent de nous que nous soyons cohérent.
"
Voilà pour la version "porte-parole", à retrouver ci-dessous en vidéo :
D'autres au gouvernement ont une autre idée, à l'image de Pascal Canfin qui, le 2 juillet au soir sur Europe 1, a estimé que certains ministres étaient plus "immunisés" que d'autres du fait de leur score réalisé à la primaire socialiste. Comprenez Arnaud Montebourg mais aussi Manuel Valls.
Pour le contexte, les journaux rappellent ce mercredi matin que le tempérament de Delphine Batho lui avait valu beaucoup d'inimitiés au sein de son ministère. Libération écrit également que, depuis quelques semaines, "les proches du Président n'hésitaient plus à dire ouvertement du mal" de la ministre.
Deux mois plus tôt, Mediapart avait aussi mené une enquête extrêmement dure sur le travail de la ministre, résumé ainsi dans le chapeau de l'article :
"Cabinet instable, confiance des associations en berne, accrochages avec l’administration, stratégie peu lisible de Delphine Batho : le doute grandit face à cette institution sous trop basse tension.
"
Enfin, Delphine Batho avait perdu le soutien des royalistes depuis la naissance de tensions entre la présidente de Poitou-Charentes et son ancienne protégée. De mauvaises relations qui ont atteint leur point culminant la veille, sur RTL, quand Delphine Batho a vivement attaqué Ségolène Royal, l'accusant de "tirer contre son camp ".