Marion Maréchal-Le Pen s'y était engagée. Une fois élue députée du Vaucluse, elle continuerait ses études en deuxième année de master professionnel "administration et politiques publiques". Oui mais voilà, le Petit Journal a révélé lundi 10 décembre qu'elle était désinscrite.
Interrogée mardi 11 décembre, la petite fille de Jean-Marie Le Pen, a assuré que l'arrêt de ses études à vingt-trois ans était lié à un stage qu'elle aurait dû faire dans un ministère, ce qui n'aurait pas été "évident" pour une députée.
Sauf que Le Lab a appelé le patron du master où elle fut brièvement inscrite. "L'université ne lui a proposé aucun stage", s'étonne Yves Surel avant de préciser que - si le stage est bien obligatoire - il n'a pas à se dérouler à tout prix dans un ministère.
"L'université ne lui a proposé aucun stage"
Invitée mercredi 12 décembre de la matinale de Canal Plus , Marion Maréchal-Le Pen confirme qu'elle n'est plus étudiante en droit. Ce qu'elle ne "regrette pas". Puis elle avance l'argument suivant :
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Le problème c’est que je m’étais inscrite en M2 professionnel avant mon élection et il y avait un stage de trois mois au sein d’un ministère.
Soit au sein du ministère de l’Education Nationale [de Vincent Peillon] ou celui du Droit des Femmes [de Najat Vallaud-Belkacem].
Malheureusement, en terme pratique, mettre un député en stage dans un ministère c’était pas évident.
Donc je ne dis pas que je m’arrête définitivement mais pour cette année c’était compliqué dans ces conditions là.
"Sauf que, vérifications faites, c'est plus compliqué que ça.
Le Lab a contacté Yves Surel, le patron du Master 2 "administration et politiques publiques" dans lequel Marion Maréchal Le Pen avait été sélectionnée sur dossier.
Précisions utiles de l'universitaire qui indique n'avoir rencontré la petite fille de Jean-Marie Le Pen qu'une seule fois, le 1er octobre, lors de la réunion de rentrée :
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Marion Maréchal-Le Pen est venue me voir en partageant ses hésitations à poursuivre ses études, envisageant comme compromis possible de faire la filière "recherche" du Master plutôt que la filière "professionnelle", où elle était d'abord inscrite.
"Yves Surel a ensuite appris qu'elle s'était retirée du Master "à la lecture de la liste des étudiants effectivement inscrits, quelques semaines plus tard".
Il poursuit :
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Quant aux propos tenus sur Canal Plus, sachez que l'université ne lui a proposé aucun stage. C'est aux étudiants de trouver les stages obligatoires dans le cursus.
Les ministères auxquels elle fait référence sont également associés au master dans le cadre de ce que nous appelons les "démarches de projet", un exercice collectif différent des stages. Mais, là encore, ils ne sont pas la seule option possible.
Elle n'était déjà plus dans le master lorsque la répartition des groupes a été faite, puisqu'elle avait déjà abandonné à cette date.
"Contacté par Le Lab, l'entourage de Marion Maréchal-Le Pen répète que toute mission d'étude d'une étudiante-députée dans un ministère aurait posé "d'évidents problèmes institutionnels".
Mais la vraie raison est ailleurs. Car un des collaborateurs de l'élue du Vaucluse le dit franchement, "c'est avant tout une question de temps" :
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Députée c'est un boulot à plein temps. Surtout qu'elle est est la seule à porter la voix du Front National [l'autre député d'extrême droite, Gilbert Collard porte l'étiquette Rassemblement Bleu Marine ndlr ] et qu'elle doit travailler absolument tous les dossiers car elle n'a pas de possibilités d'être une députée spécialisée dans certaines thématiques, contrairement aux groupes PS et UMP par exemple.
Sans compter la vie du Front National dans laquelle elle est très engagée et la préparation imminente des prochaines élections municipales...
"Pourtant, le 18 juin 2012, le lendemain de son élection à l'issue d'une triangulaire dans la troisième circonscription du Vaucluse , la benjamine de l'Assemblée déclarait dans le journal de 20H de France 2 :
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J’ai toujours dit que je continuerai mes études et notamment en master II pour pouvoir me laisser le choix d’exercer un métier en parallèle de ma fonction de deputé car je ne veux pas être de ces élus qui sont déconnectés de la réalité.
"Un passage à voir en vidéo dans le lecteur ci-dessous à partir de 3 minutes et 50 secondes :
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Je veux pouvoir rebondir dans cinq ans. Peut-être devenir avocate.
"disait elle encore au Journal du Dimanche en août.
Six mois plus tard, dans une émission diffusée très exactement le 10 décembre, jour de son vingt-troisième anniversaire, Le Petit Journal est allé promener sa caméra dans les couloirs de Paris II-Assas à la recherche de Marion Maréchal-Le Pen. Mais la scolarité leur a indiqué que la députée s'était "rétractée", "désinscrite".
A voir à partir de 9 minutes et 30 secondes dans le lecteur vidéo-ci dessous :