"La première étape qui doit conduire les français à l'Élysée est franchie, ce résultat est historique." Affichant un très large sourire, Marine Le Pen se félicite de son accession au second tour de l'élection présidentielle, dimanche 23 avril. Quinze ans après son père, la candidate d'extrême droite est qualifiée en seconde position, avec entre 21,6 et 23% des voix, derrière Emmanuel Macron à 23-24%.
Et la présidente du FN compte donc bien sur un large rassemblement du "peuple français" et de tous les "patriotes" pour la seconde étape de son projet présidentiel. Devant ses supporters sur les coups de 21 heures, Marine Le Pen a ainsi lancé cet appel à "l'unité nationale" et à "sortir des querelles périmées" et des "a priori", promettant "d'accueillir fraternellement" ceux qu il a rejoindraient :
"Je lance un appel à tous les patriotes sincères d'où qu'ils viennent, quelles que soient leurs origines, quels qu'aient étés leur parcours et leur vote au premier tour, à me rejoindre. Je les appelle à sortir des querelles périmées, des a priori et des ressentiments parce qu'il y va de l'intérêt supérieur du pays. C'est l'essentiel, vraiment l'essentiel, qui est en jeu : la survie de la France. Je les appelle à l'unité nationale derrière notre projet de redressement. Nous les accueillerons fraternellement.
"
Le message semble s'adresser tout particulièrement aux électeurs de droite dont le leader, François Fillon, est éliminé dès le premier tour avec entre 19 et 20% des voix. Et si le candidat lui-même et la plupart des cadres de LR ont immédiatement appelé à "voter pour Emmanuel Macron" pour "faire battre l'extrême droite" (tout comme Benoît Hamon), ils pourraient très bien ne pas être suivis par une (large ?) partie de leur base. C'est en tout cas ce que craignent un grand nombre de ténors de droite, qui connaissent la porosité des deux électorats et la détestation que leurs électeurs vouent à celui qu'ils ont renommé "Emmanuel Hollande". Le numéro 2 du FN Florian Philippot a d'ailleurs été encore plus clair que Marine Le Pen à ce sujet, déclarant sur France 2 :
"Je lance un appel à tous les électeurs, et y compris bien sûr les électeurs qui ont fait le choix de monsieur Fillon, et qui ont pu avoir le sentiment qu'au premier tour on leur a un peu volé leur élection.
"
Mais l'appel vise également les souverainistes et électeurs de Nicolas Dupont-Aignan, que le FN a tenté en vain de convaincre de se ranger derrière Marine Le Pen depuis de longs mois. Une partie de l'électorat de Jean-Luc Mélenchon, enfin, est aussi concernée.