ÇA RESTE À PROUVER - Alain Vidalies est membre du gouvernement. Secrétaire d'État aux Transports, pour tout dire. Mais de formation, il est aussi avocat spécialisé en droit du travail. Et c'est en enfilant cette casquette qu'il a récemment expliqué, selon Le Canard Enchaîné du 16 mars, que, contrairement à ce que martèle l'exécutif pour justifier le bien fondé de la loi Travail, il n'est pas avéré qu'une plus grande flexibilité pour les entreprises (notamment en ce qui concerne les licenciements et les indemnités des salariés) signifie plus d'embauche.
Voici ce qu'a expliqué Alain Vidalies au cours du séminaire gouvernemental du 10 mars, selon Le Canard :
"J'ai fait des analyses comparatives au niveau européen et rien ne permet d'affirmer que la flexibilité et l'assouplissement du travail permettent de créer des emplois.
"
Voilà qui contredit *un tout petit peu* l'argumentaire de François Hollande et Manuel Valls, selon lequel les patrons sont aujourd'hui réticents à embaucher en raison, tout particulièrement, de la difficulté à se séparer d'un salarié lorsque l'entreprise va mal. Ou quand un membre du gouvernement dézingue le fondement idéologique de ce qui est présenté comme LA grande réforme du quinquennat.
Cette sortie d'Alain Vidalies a un contexte : un affrontement avec Emmanuel Macron, toujours d'après l'hebdomadaire satirique. Au cours de ce séminaire, le ministre de l'Économie "venait de répéter que, pour secouer le marché de l'emploi, il était nécessaire de donner plus de flexibilité au niveau de l'entreprise, comme l'ont fait avec succès, selon lui, l'Italie, l'Allemagne, l'Espagne et les Pays-Bas", écrit le palmipède. C'est là que le secrétaire d'État lui a adressé sa réponse sur le mode du "ça reste à prouver". S'en est suivi une passe d'armes sur le licenciement en Allemagne, Emmanuel Macron affirmant que la procédure y est moins complexe, Alain Vidalies rétorquant que "c'est faux".
Non seulement ce dernier déconstruit calmement l'argumentaire gouvernemental sur la loi Travail, mais en plus il tient tête au ministre de l'Économie... Il faut dire que celui-ci est convaincu de la nécessité de cette loi et même plus : mardi 15 mars, le résident de Bercy ne s'est pas privé de contester les arbitrages rendus pas François Hollande et Manuel Valls, après concertation avec les partenaires sociaux, appelant à "aller plus loin" et regrettant les "dispositions de bon sens qui ont été retirées à la demande des syndicats réformistes".
[BONUS TRACK] Jean-Michel "entrepreneur" Baylet
Jean-Michel Baylet, lui aussi, a joué au jeu de la double casquette pour commenter le projet de loi. Mais dans le cas du ministre de l’Aménagement du territoire, de la ruralité et des collectivités territoriales, c'était pour en approuver le contenu. Toujours selon Le Canard et toujours durant ce séminaire gouvernemental, Jean-Michel Baylet a ainsi parlé du haut de son expérience de patron de presse pour encenser le texte :
"J'ai géré une entreprise de plusieurs centaines de salariés. Je sais donc de quoi je parle : les syndicats, je connais, les négociations au sein de l'entreprise, je connais, les prud'hommes, je connais. Et cette expérience me fait dire que cette réforme va dans le bon sens.
"