Après la Bastille, Jean-Luc Mélenchon veut prendre les plages du Prado, à Marseille. Mais investir ces lieux pour une manifestation politique n’est ni simple, ni habituel. Jean-Claude Gaudin, maire de Marseille, veut intedire ce rassemblement.
Avant lui, d’autres ont tenu des meetings politiques dans des lieux insolites. Quand elle ne se joue pas dans une salle, où se déplace la politique ? Le Lab fait le tour des délocalisations politiques, avec l’éclairage de Paula Cossart, maître de conférences en sociologie et spécialiste des meetings politiques.
Sur la plage, le meeting
Sur midilibre.fr
Pas de plages du Prado pour Jean-Luc Mélenchon. Le candidat du Front de gauche s'est vu refuser ce lieu pour y tenir meeting le 14 avril. Jean-Claude Gaudin, maire UMP de la ville, lui a indiqué par courrier électronique qu'il ne désirait pas mettre ces "espaces de détente"à la disposition d'une formation politique pour un meeting public.
Laure-Agnès Caradec, adjointe au maire en charge des espaces naturels, explique à l'agence Reuters qu'"il n'y a rien contre Jean-Luc. Mélenchon. C'est une position de principe de la ville de Marseille que de refuser toutes les manifestations politiques sur les plages du Prado".
Au Midi-Libre, le porte-parole de Jean-Luc Mélenchon dénonce "les décisions à géométrie variable du maire de Marseille qui a accueilli un festival évangélique et la caravane de l’UMP sur les plages du Prado”. Il annonce qu’une plainte va être déposée auprès du tribunal administratif.
Le Front de gauche d’ailleurs réplique avec une vidéo montrant la caravane UMP sur les plages :
Pour Paula Cossart, maître de conférences en sociologie, la décision de la mairie de Marseille peut se comprendre. En effet, depuis la loi de 1881, les réunions politiques doivent se tenir en dehors de la voie publique. L’autorisation dépend de la municipalité ou de la préfecture qui peuvent, ou non, juger que cela trouble l’ordre public.
La prise de la Bastille
Sur lelab.europe1.fr
Avant les plages du Prado, Jean-Luc Mélenchon a pris la place de la Bastille . Dimanche 18 mars, il a réuni “plus de 100.000 personnes ”, selon les organisateurs.
“Une réunion électorale sur la voie publique, c’est assez nouveau”, note Paula Cossart, spécialiste des meetings politiques. “D’un point de vue légal, si tous les candidats font la même chose, ça peut poser problème”, précise-t-elle.
“Jean-Luc Mélenchon est dans un registre qui est plus proche des mouvements sociaux ou des Indignés”, remarque l'universitaire. “Il investit le domaine de l’insurrection, de la révolte. Il sort des salles de réunion pour montrer sa force dans la rue”.
De manière générale, cette élection présidentielle marque le retour des meetings. En 2007, c’était le temps de la démocratie de proximité. Il y avait moins de guerre des chiffres autour des réunions politiques. A Villepinte, au Bourget ou à la Bastille, les organisateurs se sont battus pour imposer leurs chiffres. “Cette idée de démonstration de force est assez nouvelle”, souligne Paula Cossart.
Pour la chercheuse, “c’est une conséquence logique de l’évolution des meetings”.” A l’origine, ces rassemblements étaient des réunions contradictoires, avec différents courants. Peu à peu, ils sont devenus des lieux de conviction, on diffuse une parole pour convaincre de futurs électeurs” Et désormais, s’impose la logique de “démonstration de force”. “C’est une évolution qui existe depuis la fin du XIXe déjà”, ajoute-t-elle.
Catacombes, galeries et anciens cirques
Sur pur-editions.fr
Pendant la seconde partie du XXe siècle, la majorité des réunions politiques ont eu lieu dans des salles fermées. Mais pendant le Second Empire et la Troisième République, la situation était plus compliquée. Certains militants étaient obligés de se réfugier dans des lieux aussi singuliers que les catacombes, d’anciennes galeries, ou des cirques pour se réunir. Particulièrement à gauche.
Le collectif SPEL, un groupe d’enseignants-chercheurs en science politique, détaille dans une contribution à Mediapart la situation de l’époque.
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Sous le 2nd Empire et la 3e République, on se réunit souvent dans des salles de bal, de cafés-concerts, de marchands de vin, dans les théâtres ou les cirques. Ce sont des lieux qui posent divers problèmes : leur location coûte cher ; leur architecture n’est pas toujours propice aux réunions [...]; enfin, leurs propriétaires peuvent refuser de les louer selon leurs opinions, devant la crainte de dégâts matériels, ou parce qu’ils subissent une pression de l’administration. À la fin du 2d Empire, les candidats de la gauche se retrouvent alors parfois à tenir des réunions dans des lieux insolites : une écurie, un hangar, les catacombes.
"Le tweet-meeting
Sur lepoint.fr
La date n’est pas encore connue, mais l’entourage de Nicolas Sarkozy l’assure : il y aura un meeting du candidat de l’UMP sur Twitter. Selon Le Point, c’est Valérie Rosso-Debord, députée très connectée, qui lui a suggéré l’idée.
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J'ai proposé l'idée d'un Twitter meeting au président, et il l'a acceptée.
"Le site de l’hebdomadaire précise le concept : “Le candidat de l'UMP donnera un rendez-vous à ses 122 606 abonnés ("followers" dans le jargon de Twitter) pour s'exprimer via une succession de mini-messages de 140 signes sur la plate-forme de micro-blogging sur des thèmes de son choix”. Ensuite, un échange sera possible entre les abonnés de Nicolas Sarkozy et le candidat lui-même.
Même si l’idée est éloignée de celle d’un meeting au sens strict, pour Paula Cossart, c’est une façon de donner “une seconde vie aux meetings”. L’universitaire précise que, pour faire une “démonstration”, il faut deux éléments : “du nombre, et une émotion, qu’elle soit réelle ou pas”. “Un meeting virtuel peut fonctionner de la même façon, avec un réserve sur le plaisir de la co-présence, de la rencontre avec des gens qui nous ressemblent, qui est absente”. “Il faut prendre en compte le fait qu’un meeting coûte très cher à organiser. Là, c’est une façon de contourner cet obstacle financier”.
Berlin, … quand on est candidat américain
Sur arte.tv
Dans sa course à la Maison-Blanche, Barack Obama, alors candidat démocrate, a fait un passage par Berlin. L’actuel président des Etats-Unis souhaitait la Porte de Brandebourg, la chancelière Angela Merkel ne lui a accordé “que” la Colonne de la victoire.
A cette occasion, son plus grand meeting de la campagne avec près de 200.000 personnes face à lui.