Attention aux déclarations "à titre personnel". Invité de France Inter ce 16 octobre, Jérôme Cahuzac a annoncé que le gouvernement s'opposerait à la création d'une deuxième redevance audiovisuelle pour les maisons secondaires.
Problème : le ministre du Budget disait exactement l'inverse ... deux jours plus tôt. Jérôme Cahuzac s'est alors excusé de s'être "avancé exagérément" le 14 octobre en parlant "à titre personnel".
On reprend le couac. Le groupe socialiste à l'Assemblée souhaite déposer un amendement au projet de loi de finances 2013. Son objet : que les propriétaires d'une résidence secondaire payent une demi-redevance audiovisuelle supplémentaire. Son montant serait de 64 euros par foyer et rapporterait à l'Etat 164 millions d'euros en 2013.
Le 14 octobre sur BFMTV, le ministre du Budget affirme que le gouvernement soutiendra cet amendement. Les médias reprennent donc l'information en parlant d'annonce officielle : la demi-redevance télé, c'est parti.
Sauf que ... Ce 16 octobre, sur Europe 1, Jean-Marc Ayrault désamorce l'annonce :
Non, ce n'est pas la position du gouvernement.
Et, presque simultanément sur France Inter, Jérôme Cahuzac est mis face à cette contradiction par Patrick Cohen. Redevance ou pas redevance ? Le ministre du Budget est obligé d'expliquer qu'il a parlé trop vite deux jours plus tôt et que sa position n'est pas celle de son gouvernement :
C’est un amendement qui va être proposé par le groupe socialiste, je ne suis pas certain que le gouvernement adhérera sans réserve à cet amendement. Vous voyez qu’il ne faut pas s’exprimer à titre personnel, après on est embêté par Patrick Cohen.
Je ne crois pas que le gouvernement ait changé d’avis mais il arrive au ministre du Budget de s’avancer peut-être exagérément en ayant indiqué qu’à titre personnel il trouvait que cette mesure pourrait aider France Télévision.
Une explication là-encore éloignée de la réalité : ce soir-là sur BFMTV, Jérôme Cahuzac s'était bien exprimé"au nom du gouvernement" et non"à titre personnel":
Le gouvernement est favorable à cet amendement d'origine parlementaire.
La demi-redevance-qui-devait-être-mais-qui-ne-sera-pas n'est en tout cas pas encore arrivée aux oreilles de tous les dirigeants socialistes. Invité de i>TELE ce 16 octobre, Harlem Désir - bientôt premier secrétaire du PS - n'avait visiblement pas été mis au parfum :
[Cette redevance] existait, elle avait été supprimée, elle a été rétablie.
Si on veut sauver l'audiovisuel public, il faut compenser des financements qui avaient été annoncés par le gouvernement précédent en dehors de toute légalité européenne, je pense à la taxe sur les opérateurs de télécoms. Au moins pour ce budget il faut assurer que l'audiovisuel public puisse être financé.