La ligne de gauche, c'est elle. Invitée d'honneur - et de dernière minute - des journées d'été d'Europe écologie-Les Verts ce 22 août, Christiane Taubira a profité d'un public tout acquis à sa cause pour rappeler les principes qui guident le gouvernement en matière de justice - ses principes - et pour mettre en garde ceux - Manuel Valls ? - qui auraient la tentation de faire comme le gouvernement précédent.
Dans un premier temps, la garde des Sceaux accuse la droite d'avoir voulu "maintenir la société dans l'ignorance des faits" et d'avoir conduit la politique pénale dans "l'impasse" :
Ceux qui protestent aujourd'hui, ceux qui nous accusent de toutes les négligences, de tous les laxismes, et qui refusent de regarder le bilan de leur inaction, ou de leur action frénétique, qui refusent de regarder la mesure de leurs échecs, ceux-là pensent raisonner avec bon sens en maintenant la société dans l’ignorance des faits.
Du fait de leur politique pénale, 51% des détenus sortent sans contrôle, sans contrainte, en sortie sèche alors que nous savons que ces sorties sèches aggravent le risque de récidive.
Ces personnes maintiennent la société dans l’ignorance des faits précis qui consistent à dire que cette politique carcérale est un échec.
Une fois dressé ce constat, la ministre affirme que son gouvernement veut "sortir du désordre juridique ainsi établi [qui] met la société française en danger" :
Nous décidons de sortir du désordre, nous savons que nous sortons de 10 ans d’endoctrinement, d’instrumentalisation des victimes.
Nous rendons transparents tous les chiffres, faits, mécanismes, nous les mettons à disposition et c’est ainsi que nous allons détruire, pulvériser, les méthodes qui consistent à dire que le bon sens veut qu’il faut enfermer et enfermer sans cesse alors que cette enfermement sans cesse crée du danger pour la société.
Voilà pour ses objectifs, que Christiane Taubira énumère volontairement en utilisant le "nous", montrant ainsi que sa ligne est celle du gouvernement. La ministre poursuit en faisant un zoom sur la question des peines planchers, sujet qui l'oppose à Manuel Valls :
Nous savons que les peines planchers ne luttent pas contre la récidive.
Nous savons que les peines planchers l’ont aggravée.
Nous savons que tout cela est dangereux et inefficace.
Nous avons choisi la clarté, la vérité, l’efficacité. (...)
L’opinion publique a été désorientée par des concepts simplissimes, par un pseudo bon sens, par une facilité de raisonnement.
Et, coup de grâce, la ministre va surtout conclure par une mise en garde lourde de sens lorsqu'on connait la polémique qui l'oppose à Manuel Valls très précisément sur la réforme pénale :
Si nous cédions à la tentation, si lourde ces dernières années, de s’en remettre au bon sens, aux discours martiaux, aux grandes menaces, à la virilité intimidante, si nous cédions à cela alors la France, comme aurait dit Césaire, aura tiré sur elle-même de ses propres mains le drap des plus sombres ténèbres.