Notre éditorialiste Olivier Duhamel n’est pas d’accord avec les commentateurs politiques sur le sens d’un "remaniement".
Parmi les rares armes accordées à François Hollande pour "rebondir" - selon le terme consacré – est toujours mentionné un "remaniement" du gouvernement.
Première erreur : confondre "remaniement" et "changement de gouvernement".
Le président de la République peut en effet décider de trois types de modification gouvernementale sensiblement différents.
Le remaniement consiste à changer un petit nombre de ministres. Il y en a eu plusieurs ces derniers mois, lors de la révocation de Jérôme Cahuzac ou celle de Delphine Batho.
Le changement de gouvernement suppose la démission du Premier ministre, renommé pour former une nouvelle équipe – par exemple au lendemain des élections législatives avec le gouvernement Ayrault II.
Le changement de Premier ministre. Ce que firent quasi tous les Présidents en cours de mandat, et ce que fera, un jour, Hollande. Dernier en date Chirac remplaçant Raffarin par Villepin. Une seule exception : Sarkozy, gardant Fillon après hésitation.
D’où la seconde erreur, qui consiste à dire et répéter que le "remaniement" est un fusil à un coup. En vérité, le fusil présidentiel est à deux coups : changer de gouvernement en gardant le Premier ministre, changer de Premier ministre.