Robert Ménard revendique le "droit de s’interroger" sur la capacité de Marine Le Pen à porter le FN au pouvoir

Publié à 06h56, le 23 août 2017 , Modifié à 15h52, le 23 août 2017

Robert Ménard revendique le "droit de s’interroger" sur la capacité de Marine Le Pen à porter le FN au pouvoir
© AFP

Robert Ménard fait partie de ceux qui ne se remettent pas de la prestation "calamiteuse" de Marine Le Pen lors du débat de second tour face à Emmanuel Macron. Pas membre du Front national (mais élu maire de Béziers avec le soutien du parti d’extrême droite), il n’a à craindre aucune sanction de la direction - pas comme une certaine Sophie Montel , par exemple.

Aussi Robert Ménard use-t-il de sa liberté de parole pour plaider, dans une "Lettre ouverte à [s]es amis du Front national" diffusée mardi 22 août par lefigaro.fr , pour le renouvellement des têtes au FN. Dont éventuellement celle de… Marine Le Pen. Il écrit :

"

Le problème - personne, dans les rangs du FN, n’ose le dire à haute voix mais beaucoup le répètent en catimini -, c’est qu’après le débat calamiteux, tant sur la forme que sur le fond, qui hante encore nos discussions, on est en droit de s’interroger : si Marine Le Pen a su sortir le FN de l’attitude uniquement protestataire où le cantonnait son père, est-elle aujourd’hui en position de le porter au pouvoir ?

"

Et d’ajouter :

"

Nous ne savons peut-être rien de celui ou de celle qui pourrait, dans cinq ans, porter nos couleurs. Et c’est tant mieux.

"

L’avertissement est sévère. "Les pas de danse esquissés le soir de la défaite alors que des millions de Français portaient le deuil d'un score humiliant resteront pour longtemps dans ma mémoire", lâche-t-il, faisant référence à la soirée de second tour de Marine Le Pen dans un restaurant du bois de Vincennes.

Dans cette lettre, l’ancien patron de Reporters sans Frontières réitère son appel à des alliances à droite. Il demande "surtout" au FN de se rendre "plus fréquentable" auprès de la droite "classique" et de "ne pas mettre tous les responsables des Républicains dans le même panier". Enfin, il faut "en finir avec cette vieille chimère d'une alliance possible avec les 'souverainistes de gauche', une ligne incarnée aujourd'hui par Florian Philippot, manifestement plus soucieux de son avenir que de celui de son parti", déclare-t-il.

Le FN va soumettre un questionnaire "complet" à ses adhérents en septembre. Un congrès est prévu début 2018.



[EDIT 9h30] Le ringard, c'est Ménard

Une "union des droites", comme le souhaite Robert Ménard, ça n'est apparemment pas le projet qu'a Florian Philippot pour le FN. Invité de France 2 ce mercredi 23 août, le vice-président du parti d'extrême droite répond directement au maire de Béziers, arguant qu'il est le plus ringard des deux.

Il lance :

 

"

Je pense qu'on a besoin de changer. Lui a toujours une vision assez rabougrie, assez fermée, assez rétrograde des choses où il nous parle d'union des droites, mais ça c'était le Front il y a 25 ansOn ne va pas faire l'union des droites avec des gens qui nous ont trahis méthodiquement quand ils sont arrivés au pouvoir —je pense à Sarkozy, il n'a jamais sorti le Kärcher, il n'a jamais réduit l'immigration, il n'a jamais mis fin au laxisme— et qui, par ailleurs, sur des positions économiques et européennes, sont aux antipodes des nôtres.

"

Un passage à voir ci-dessous :

Au contraire de la proposition de Robert Ménard, Florian Philippot espère un FN plus "moderne et rassembleur" et prône pour une "union des patriotes" avec des "personnalités, à droite et à gauche, qui ont la France à cœur". En mai dernier, ce même Philippot avait lancé une association interne au Front national qui s'appelait Les Patriotes . Et à l'époque, Marine Le Pen avait trouvé ce nom "ringard" .

Dans la journée, d'autre scadres du FN proches de la présidente du parti ont publiquement (quoique indirectement) répondu à Robert Ménard. Sur Twitter, le sénateur-maire de Fréjus David Rachline (directeur de campagne de Marine Le Pen pour la présidentielle) rappelle au maire de Béziers qu'il a été élu en 2014 grâce au soutien du Front national, et semble le menacer de lui retirer ce soutien à l'avenir s'il persiste dans cette voix. Damien Philippot (nouvel assistant parlementaire de la députée Le Pen), de son coté, juge "navrant" de voir l'ancien patron de RSF "oublier toute raison et toute gratitude" au profit de la "pensée magique" :

Bonne ambiance, donc.

[Edit 15h50 : ajout tweets Rachline et Philippot]

A LIRE SUR LE LAB
> La liste (non-exhaustive) des gens avec qui Florian Philippot veut discuter

Du rab sur le Lab

PlusPlus