Le rendez-vous est attendu. Le Président sortant inaugurera la 49e édition du Salon de l’agriculture, samedi matin. Erigé en incontournable politique par un Jacques Chirac très à l’aise, Nicolas Sarkozy, lui, y a été malmené et l’a malmené.
En 2012, l’événement se présente comme un piège parfait pour Nicolas Sarkozy. Rétrospective.
2007 : Visite médiatique
Sur rfi.fr
A quelques mois de son élection, Nicolas Sarkozy fait une sortie remarquée au Salon de l’agriculture, auprès d’un électorat plutôt favorable à la droite.
Très entouré par les journalistes (trop ?), agriculteurs et visiteurs étaient difficilement accessibles. Mais pour les candidats à l’élection de 2007, il fallait s’y faire voir.
2008 : "Casse toi, pov’con"
Sur ina.fr
Premier salon pour le Président et première erreur avec cette phrase, désormais culte, "casse toi, pauvre con", lancé à un visiteur qui refusait de lui serrer la main. Filmée et diffusée sur internet et à la télévision, la phrase avait fait polémique ; l’opposition évoquait "l’affaiblissement du statut présidentiel" tandis que la majorité le soutenait.
2009 : Dégustation avec les yeux
Sur lefigaro.fr
Alors que Jacques Chirac était friand de serrer des paluches, tâter des croupes, siffler quelques verres et gouter aux spécialités locales, Nicolas Sarkozy se démarque de son prédécesseur et fait dans la sobriété : un morceau de fromage et un carré de chocolat à la fin, et c’est tout. Pas de phrase choc (et pour cause, la sécurité avait été renforcée, éloignant les perturbateurs potentiels) et un discours axé sur une "PAC juste" qui se voulait rassurant pour les agriculteurs.
2010 : "L’environnement, ça commence à bien faire"
Sur rue89.com
Soucieux de rassurer les agriculteurs, une nouvelle fois, il relativise le poids des objectifs environnementaux dans la politique agricole et déclare "Je voudrais dire un mot de toutes ces questions d'environnement, parce que là aussi ça commence à bien faire (…)". Les écologistes fulminent.
Il rompt avec une tradition purement chiraquienne– assurer l’inauguration du salon – et s’y rend comme "simple" visiteur, au grand dam des agriculteurs, confiant la cérémonie d’ouverture à Bruno Le Maire, ministre de l’Agriculture.
2011 : "On n'oppose pas les Français les uns contre les autres, on essaie de les rassembler"
Sur sudouest.fr
Une visite "à la Chirac" : longue déambulation, dégustations et poses photos. Pendant son discours, il en profite pour fustiger la campagne publicitaire de France nature environnement, "particulièrement déplacé", aux images choc sur les algues vertes, les OGM et les pesticides. "On n'oppose pas les Français les uns contre les autres, on essaie de les rassembler". Une volonté de rassemblement vue alors comme les prémices d’une candidature en 2012.
A partir de 1’45'' :
2012 : Et cette année ?
Sur ina.fr
Pour la dernière visite de son mandat présidentiel, que réserve cette inauguration à Nicolas Sarkozy ? Pour peu qu’elle se passe bien, l’exercice est parfait pour augmenter son capital sympathie et, par ricochet, grimper dans les sondages. Y parviendra-t-il ? Les conseils de la rédaction (largement inspirés des visites de Jacques Chirac).
- Arpenter les allées, en long, en large et en travers.
- Sourire, sourire et encore sourire.
- Gouter, sentir, regarder. Un salon à vivre avec les sens.
- Serrer des mains, faire la bise aux enfants, re-serrer des mains.
- Flatter les bêtes (et les agriculteurs). « Ce n'est pas en tapant sur le cul des vaches qu'on défend l'agriculture », déclarait José Bové en 2007, seul candidat à l’élection d’alors à boycotter le salon. Certes, ça ne fait pourtant pas de mal. A défaut, questionner les agriculteurs sur les races, les semences ou les engrais.
Cette année, Sarkozy réunit 40% des intentions de vote chez les agriculteurs
Sur lejdd.fr
Les sondages donnent la faveur des agriculteurs à Nicolas Sarkozy. Le candidat de l’UMP rassemble, selon un sondage pour LeJDD.fr, 40% d'intentions de vote au premier tour chez les agriculteurs. François Hollande ne pointe lui qu’à 14%, devancé par François Bayrou à 16%.
Les résultats de l’étude :