En politique, il y a des mots et des associations de mots qui résonnent avec un écho historique particulier et qui, inévitablement, évoque "les heures les plus sombres de notre histoire". C’est le cas des termes "socialisme" et "national" quand ils sont accolés.
Mardi 21 mars, sur BFM TV, Julien Dray a fait cette association, en mode point Godwin discret et feutré. Ainsi le socialiste a-t-il qualifié Marine Le Pen, la candidate du FN à l’élection présidentielle, de "nationale socialiste", mais "sans référence historique", ajoute-t-il aussitôt alors que "le national-socialisme" rappelle inévitablement le parti national-socialiste allemand, plus connu sous le nom de parti nazi :
"Il faut démontrer que sa politique est dangereuse. Il ne faut pas la laisser pérorer en donnant le sentiment qu’elle s’est banalisée. Elle n’est pas banale. Elle a été, si vous me permettez l'expression et sans référence historique parce qu'on va me dire ça y est vous ressortez... elle a été totalement nationale-socialiste.
"
Et le conseiller régional d’Ile-de-France, proche de François Hollande, de poursuivre, assumant son association d'idées :
"Elle a été totalement nationaliste avec tous les dangers que ça peut représenter et effectivement elle s'est présentée comme celle qui défend les petits. Il y a quand même un paradoxe. Il faut aller la chercher la-dessus.
"
Jean-Marie Le Pen risque de ne pas approuver l’analyse de Julien Dray sur sa fille. En juin 2015, le président d’honneur du FN jugeait qu’en 2012, Marine Le Pen avait voulu "rompre avec la dimension sociale et nationale" du parti frontiste. Interrogée elle-même sur ce sujet, Marine Le Pen avait répondu, sur le plateau de BFM TV face à Jean-Marie Le Guen, que "le national-socialisme, c’est du socialisme" .