Pascal Bruckner en est convaincu : Nicolas Sarkozy était un bouc-émissaire bien pratique. L'anti-sarkozysme a pu fédérer des pans entiers de la société a tel point... qu'il pourrait bien finir par manquer.
C'est ce qu'explique le philosophe dans une tribune publiée jeudi 10 mai 2012, dans Libération.
Bruckner : "Sarkozy [...] a été un formidable facteur de cohésion"
Sur liberation.fr
Nicolas Sarkozy manquera. Pascal Bruckner, dans une tribune publiée sur Libération, jeudi 10 mai, en est persuadé.
Une raison à cela : l'ancien chef de l'Etat avait réussi à fédérer un pan entier de la société, contre lui :
Ce président [Nicolas Sarkozy] qu’on disait cliveur et diviseur a été en même temps un formidable facteur de cohésion.
[...] Combien vont se sentir orphelins en l’absence de leur croque-mitaine ?
La théorie développé par Pascal Bruckner, philosophe et essayiste, il l'emprunte au psychanalyste Sigmund Freud, qui expliquait que :
pour rassembler un peuple [...] il faut lui donner un objet d’exécration qui canalise sa rage.
Ce que serait parfaitement arrivé à faire Nicolas Sarkozy pendant tout son quiquennat.
Premier à en tirer profit, la presse. Il en est persuadé : le rejet de Nicolas Sarkozy par les médias d'opposition leur a été bénéfique.
Sans lui, aucun des grands quotidiens et hebdomadaires de l’opposition n’auraient connu de tels tirages.
Sur qui vont-ils s’acharner maintenant ?
Comment un magazine tel que Marianne va- t-il survivre, privé comme il est de sa tête de turc favorite ?
La presse, mais pas seulement. Les humoristes n'ont pas manqué de railler sa taille ou ses histoires personnelles. Bref,
[...] il aura été, depuis 2007, une véritable rente de situation pour [...] la littérature, la philosophie, la sociologie, le journalisme, la bande dessinée.
Ce qui laisse place à un défi pour Hollande, qui
[...] devra rassembler non pas autour de la haine, mais d’un sursaut collectif.
Si l’élection du candidat socialiste n’avait servi qu’à cela, elle serait déjà une œuvre de salubrité publique.