Non seulement Christophe Castaner reste au gouvernement tout en lâchant sa casquette de porte-parole, mais il conserve son maroquin des Relations avec le Parlement après avoir été *élu* patron du parti majoritaire, La République en marche. Depuis que cette hypothèse est née, les oppositions de droite comme de gauche n’ont cessé de dénoncer un conflit d’intérêt entre ces deux fonctions.
Mais Emmanuel Macron et Edouard Philippe ont ignoré ces critiques et ce début de polémique et maintenu Christophe Castaner comme secrétaire d’Etat chargé des Relations avec le Parlement lors du mini-remaniement du vendredi 24 novembre. Alors, droite et gauche ont fait feu sur ce maintien ministériel inédit sous la 5e République de voir le patron du parti majoritaire à l’Assemblée chargé de parlementer avec les autres groupes parlementaires.
Pour le groupe Nouvelle Gauche, composé des députés PS, LREM "continue à séparer ses paroles de ses actes et à rapprocher les institutions de tous avec les intérêts de son parti". Et d’ajouter que le ralliement d’Olivier Dussopt a "pour objet de passer sous silence le maintien au gouvernement de Christophe Castaner", une décision qualifiée de "choquante" :
"L’écran de fumée de ces nouveaux ralliements (débauchage du député PS Olivier Dussopt, ndlr) a pour objet de passer sous silence le maintien au gouvernement de Christophe Castaner, décision choquante qui instaure un mélange des genres au sommet de l’Etat. Outre le fait que M. Castaner ne se consacrera qu’à mi-temps à sa mission, il sera en charge des relations avec les autres groupes parlementaires alors qu’il est désormais chef du parti majoritaire : il sera donc juge et partie.
"
A droite, même topo.
Pour le député LR du Pas-de-Calais, Pierre-Henri Dumont, il ne s’agit rien de moins qu’un "scandale démocratique" :
"Le maintien de Castaner au gouvernement, chargé des relations avec le Parlement, est un scandale démocratique. C’est le symbole ultime de la caporalisation du Parlement, de la remise en cause de la séparation des pouvoirs et du vieux monde politique derrière le vernis #Macron
"
Avant même que la composition du *nouveau* gouvernement ne tombe, Christian Jacob, invité vendredi de Parlement hebdo sur Public Sénat et LCP, s’emportait contre ce cumul particulier après s’être opposé à Edouard Philippe sur le sujet lors des questions au gouvernement :
"Autant que monsieur Castaner préside l’Assemblée nationale, qu’il préside la conférence des présidents, qu’il préside le groupe parlementaire En Marche ! Qu’on aille au bout de la logique !
"
Anticipant ces critiques depuis plusieurs jours voire semaines, la majorité avait utilisé Nicolas Sarkozy , qui cumulait jadis ministère de l’Intérieur et présidence du parti majoritaire, pour justifier le maintien au gouvernement de Christophe Castaner.