Statistiques ethniques : les exemples hasardeux de Marine Le Pen

Publié à 10h43, le 21 septembre 2015 , Modifié à 13h41, le 21 septembre 2015

Statistiques ethniques : les exemples hasardeux de Marine Le Pen
Marine Le Pen le 20 septembre 2015 à Amiens. © FRANCOIS NASCIMBENI / AFP

Qu'on se le dise, Marine Le Pen est opposée aux statistiques ethniques. Si le débat a été relancé par François Fillon le 20 septembre, la position de la présidente du Front national n'est pas nouvelle sur le sujet . Son argumentaire, en revanche, s'est étoffé... quitte à utiliser des exemples hasardeux.

Invitée de France 2 ce 21 septembre, Marine Le Pen commence par avancer son argument récurrent en matière de statistiques ethniques : elle y est opposée car cela peut engendrer des politiques de "discrimination positive" qu'elle rejette. Puis la leader frontiste enchaîne par une comparaison avec les Etats-Unis. Et celle-ci va s'avérer bancale.

Le pays de Barack Obama, un contre-modèle pour Marine Le Pen qui affirme que chaque individu doit indiquer sa couleur de peau sur sa carte d'identité. Elle dit :

"

Les statistiques ethniques, c'est quoi ? C'est comme aux Etats-Unis, on marque sur votre carte d'identité "noir" ? Moi, j'avoue que cette racialisation de la politique ne me va pas.

"

Dans les faits, et comme l'a souligné un journaliste du JDD , le passeport américain ne comporte aucune mention de la couleur de son propriétaire.

Si des données ethniques sont bien collectées tous les dix ans, depuis 1790, lors d'un vaste recensement de la population, les papiers officiels n'en portent pas trace. Ces données peuvent permettre en revanche de mettre en place des politiques plus ciblées dans le pays de "l'affirmative action", ce que refuse Marine Le Pen.

S'appuyant toujours sur le modèle américain, la candidate à la grande région Nord va alors agiter un autre risque :

"

Je n'ai pas envie que soient mis dans le même sac des Français d'Outre-mer par exemple, nos compatriotes, et des gens qui sont sur le territoire et qui viennent de pays étrangers, des Maliens ou autres. Je crois que ce n'est pas sain.

"

Si Marine Le Pen a réellement cette peur, alors l'exemple des Etats-Unis pourrait au contraire la rassurer. Dans le dernier recensement de 2010 , on peut par exemple voir que 4 réponses sont possibles pour les personnes d'origine "hispanique, latine ou espagnole". Les originaires du Mexique sont bien distincts des Cubains ou des Portoricains. Cette question est différente de celle de la "race", pour laquelle pas moins de 14 réponses sont possibles. Autant dire qu'une telle application en France ne s'arrêterait sans doute pas à la seule couleur de peau, contrairement au chiffon rouge agité par Marine Le Pen.

 

 

A LIRE AUSSI SUR LE LAB :

> Marine Le Pen affirme à tort que les réfugiés sont "ultra-minoritaires" parmi les migrants car ils débarquent sans leur famille

Du rab sur le Lab

PlusPlus