Le comportement des agents du train Thalys Amsterdam-Paris, visé par une attaque vendredi 21 août, commence à faire polémique. L'acteur Jean-Hugues Anglade, présent dans le train et blessé en tirant la sonnette d'alarme, affirme que le personnel a refusé d'aider les passagers en se barricadant dans un local technique. Avant que cette version ne soit corroborée par l'enquête, et alors que la direction de Thalys assure que son personnel a "rempli sa mission", plusieurs responsables politiques ont abondé dans le sens de l'acteur, ce samedi.
# Ce que dit Anglade
Auprès de Paris Match, Jean-Hugues Anglade raconte une scène d'horreur et assure qu'alors que le tireur faisait feu, certains agents du train "se sont enfermés à l'intérieur" de "leur wagon de travail", refusant d'en ouvrir la porte malgré les appels des passagers terrorisés. Une attitude "insupportable" et "inhumaine", raconte-t-il :
"J'étais avec mes deux enfants et ma compagne, autour de nous, il y avait une quinzaine de passagers. Tout à coup, des membres du personnel navigant ont couru dans le couloir, le dos courbé. Leurs visages étaient blêmes. Ils se dirigeaient vers la motrice, leur wagon de travail. Ils l'ont ouvert avec une clef spéciale, puis se sont enfermés à l'intérieur... Le tireur était à quelque dizaines de mètres de nous, dans le wagon numéro 12.
Dos au mur. Collés les uns aux autres contre la porte métallique de la motrice. Nous tapions dessus, nous criions pour que le personnel nous laisse entrer, nous hurlions "Ouvrez !" On voulait qu'ils réagissent ! En vain... Personne nous a répondu. Silence radio. Cet abandon, cette détresse, cette solitude, c'était terrible et insupportable ! C'était, pour nous, inhumain.
"
# Les réactions politiques
Trois membres de Les Républicains ont, à l'heure actuelle, réagi à ces propos. Rapidement, le sénateur Roger Karoutchi a jugé ce témoignage "accablant" pour Thalys :
Jean Hugues Anglade:le personnel Thalys s'est enfermé dans un wagon pour se protéger et a refusé d'ouvrir aux voyageurs menacés..Accablant..
— Roger KAROUTCHI (@RKaroutchi) 22 Août 2015L'élu des Hauts-de-Seine a ensuite pris acte du fait que Thalys a "modéré" les propos de l'acteur, sans pour autant revenir sur sa précédente déclaration :
Thalys modère propos de Anglade sur attitude du personnel,affirmant que des passagers étaient aussi avec le personnel dans secteur protégé..
— Roger KAROUTCHI (@RKaroutchi) 22 Août 2015La sénatrice Catherine Procaccia, de son côté, a jugé que le terme "passivité" pour décrire le comportement des agents était "un peu faible" :
Passivité un mot un peu faible #SNCF#Thalyshttps://t.co/2khMUdybyJ
— Catherine PROCACCIA (@CProcaccia) 22 Août 2015Dominique Bussereau, ancien secrétaire d'État aux Transports sous Nicolas Sarkozy, a pris plus de précautions, estimant que "s'il est avéré" qu'il y a eu manquement de la part du personnel, "la justice doit agir" :
#Thalys 2/ S'il est avéré que des personnels chargés de la sécurité n'ont pas prêté assistance à personnes en danger la justice doit agir
— Dominique Bussereau (@Dbussereau) 22 Août 2015L'adjoint communiste à la mairie de Paris Ian Brossat n'a pas manqué de critiquer ces réactions, jugeant que cet "empressement d'élus de droite à mettre en cause les salariés de Thalys en dit long sur leur estime du droit du travail" :
L'empressement d'élus de droite à mettre en cause les salariés de #Thalys en dit long sur leur estime pour le monde du travail.
— Ian Brossat (@IanBrossat) 22 Août 2015# La réponse de Thalys
Agnès Ogier, directrice générale du consortium d'entreprises ferrorviaires, s'est exprimée dans divers médias. Elle assure que "le personnel de bord a rempli sa mission" et apporte une version différente des faits, tout en refusant de polémiquer avec Jean-Hugues Anglade. Sur France Info, elle a expliqué :
"Le contrôleur qui a été mis en cause, il s'est retrouvé sous le feu des balles. Il a senti les balles le frôler. Il a pris avec lui cinq ou six passagers. Il les a emmenés dans le fourgon, un local à bagages. Et là il a tiré la sonnette d'alarme.
[...] Monsieur Anglade, il a vécu ce qu'il a vécu, quelque chose de très traumatisant. Je ne peux que vous raconter ce que nous a dit notre agent. Et le deuxième agent a fait le tour de la rame juste après la fusillade. Tout cela s'est passé très très vite. Ce que je sais dire c'est que le personnel de bord Thalys a rempli sa mission.
"
[Edit 16h30 : ajout réaction Brossat]
[Edit 17h50 : ajout 2e tweet Karoutchi]
À LIRE SUR LE LAB :
À LIRE SUR EUROPE1.FR :
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