La géographie électorale : c'est compliqué !

Publié à 16h24, le 09 mars 2012 , Modifié à 10h22, le 10 mars 2012

La géographie électorale : c'est compliqué !
Marine et Jean-Marie Le Pen, à Tours, le 16 janvier 2011. (Reuters)

C'est la théorie à la mode. Ce que les géographes appellent le "gradient d'urbanité". Une vérité statistique à relativiser selon laquelle, en résumé du résumé, les Français des villes voteraient d'une certaine façons, et ceux des champs d'une autre.

Fin février, Le Monde publie une étude selon laquelle dans les espaces situés à plus de quarante kilomètres des grandes villes, il existe un "survote" frontiste. Des territoires périurbains où Marine Le Pen arriverait en tête au premier tour de la présidentielle.

Alors tous frontistes dans nos campagnes ? En fait, pas vraiment, c'est légèrement plus compliqué.

Le Lab vous propose un peu de géographie électorale.

  1. Le survote FN de la France péri-urbaine

    Sur lemonde.fr

    Dans son édition du 28 février, Le Monde une étude IFOP qui étudie une série de sondages entre 9 janvier et le 14 février sur plus de 8.000 électeurs. 

    En voici les principaux enseignement, d'après leur article consultable en cliquant ici

    Le principal résultat est le suivant: dans les zones situées à environ 50 km d'une aire urbaine de plus de 200.000 habitants, les trois favoris du premier tour de l'élection présidentielle – François Hollande, Nicolas Sarkozy et Marine Le Pen – obtiendraient quasiment les mêmes scores: autour de 25% chacun.

    [...]

    Dans ces zones situées à une cinquantaine de kilomètres des grandes aires urbaines, François Hollande obtiendrait des scores inférieurs d'environ 6 pointsà ceux qu'il réaliserait sur l'ensemble du territoire. Nulle part l'écart avec son niveau moyen d'intentions de vote n'est plus grand.

    Pour Marine Le Pen, c'est exactement l'inverse. Ces territoires périurbains sont précisément ceux où elle obtiendrait ses meilleurs résultats: jusqu'à 9 points de plus que sa moyenne nationale. Dans ces espaces situés à une quarantaine de kilomètres des grandes villes, la présidente du Front national pourrait même arriver en tête au premier tour de l'élection présidentielle.

  2. Plus compliqué répond un géographe

    Sur lemonde.fr

    Il vaudrait certainement mieux pour l'interprétation politique faire un peu moins de psychologie banale et de mécanique spatiale simpliste, et un peu plus d'analyse globale de la ville.

    C'est dit gentiment mais Guy Burgel, géographe lui aussi, n'est pas d'accord. Dans une tribune toujours dans les colonnes du Monde, publiée le 9 mars, l'auteur de Pour la ville (éditions Créaphis, 2012) argumente contre le tableau d'une misère de plus en plus sourde à mesure qu'on s'éloigne des centres villes. Cet autre spécialiste démonte notre "gradient d'urbanité" en trois points principaux : 

    • les transformations structurelles des rapports entre centre et périphéries dans les agglomérations urbaines. En clair, c'en est fini du "centre conservateur assiégé par une "ceinture rouge" communiste ou socialiste".
    • Deuxio : les bobos. Ou pour notre géographe "l'instabilité des appartenances et des identités idéologiques" avec notamment donc :

    La nouvelle "bourgeoisie" intellectuelle qui se renforce dans les centres-villes (les "bobos") est non seulement plus libre de mœurs, mais moins attachée aux valeurs traditionnelles de la droite.

    • Enfin "la dépolitisation croissante, dont témoigne la hausse de l'abstention, au moins aux élections locales".

    Vous l'aurez compris, il ne faut donc jamais dire à un géographe "La France profonde vote pour..."

Du rab sur le Lab

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