Le citoyen "lanceur d'alerte" est l'un des points phares du projet de loi sur la transparence défendu par le gouvernement à l'Assemblée depuis le 17 juin. Pour certains membres de l'opposition, il s'agirait d'une pratique pure et simple de la "délation".
Alain Vidalies vante les mérites des "lanceurs d'alerte"à chaque passage média. Puisque les déclarations de patrimoine de plus de 6.000 élus et collaborateurs ne seront pas publiées mais uniquement "consultables" par les citoyens, c'est à ces derniers d'agir, si "soupçon ou preuve" il y a, en avertissant la Haut autorité de la transparence de la vie publique.
"Délation", lui a répondu Bruno Le Maire le 17 juin lors de la discussion générale du texte à la tribune de l'hémicycle :
Le fameux lanceur d’alerte n’est qu’une expression un peu contournée pour désigner un délateur.
Je ne pensais pas avoir à étudier un projet de loi qui protège celui qui dénonce et qui jette le soupçon sur celui qui fait la loi. Nous tous ici ne méritons pas ce soupçon.
Nous devons être exemplaires mais ce n’est pas la peine de nous transformer par le biais de ce texte en suspects aux yeux de tous les Français.
S'il critique le principe du lanceur d'alerte, Bruno Le Maire plaide pour "une transparence totale, claire et encadrée pour les parlementaires". Bref, pour la réelle publicité des déclarations de patrimoine des députés et sénateurs, comme l'annonçait la première version du gouvernement. Sa position n'est pas partagée par tous à l'UMP. Lui se distingue en scandant :
Il aurait fallu aller plus loin, il aurait fallu aller plus fort.
L'idée du délateur a en tout cas été reprise ce 18 juin par Jean-Christophe Lagarde lors du point presse du groupe UDI à l'Assemblée. Le député a dénoncé un appel à la "délation", tout en évoquant la période de l'Occupation.
Chez Alain Vidalies, la vision est toute autre. Le processus d'alerte de la Haute autorité par les citoyens eux-mêmes participe "à la restauration de la confiance" de ces derniers envers leurs élus, sans avoir à déballer le patrimoine de plus de 6.000 personnes - et parfois celui de leur famille - en place publique.
Le ministre souhaite également rassurer : n'importe qui ne pourra pas dénoncer n'importe quoi, sous peine de poursuites.
Les citoyens auront un statut de lanceur d'alertequi leur assure une protection. Ils ne pourront par exemple pas être licenciés pour avoir averti la Haute autorité.
Parallèlement, on ne peut pas laisser sans sanction ceux qui viendraient pervertir le système avec des dénonciations calomnieuses. Les alertes doivent être faites sur la base d'indices ou de soupçons.
La Haute autorité se réserve le droit de poursuivre les calomnieurs.